Page 97 - Patriarches et Proph

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La tour de Babel
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mandés n’étaient pas ceux qu’il fallait, et que les ordres passés par la
chaîne étaient, à l’arrivée, tout autres qu’au départ. La confusion et
la stupeur furent générales. L’entente et la coopération n’étant plus
possibles, le travail fut suspendu. Incapables de se rendre compte
des étranges malentendus qui se produisaient, les constructeurs, hors
d’eux-mêmes, se mirent à s’accabler de reproches. L’entreprise fut
noyée dans la discorde et le sang. Pour marquer la désapprobation
divine, la foudre tomba sur la partie supérieure de la tour et la préci-
pita sur le sol. Alors on comprit qu’il y a dans le ciel un Dieu qui
règne sur la terre.
Jusqu’à ce moment-là, les hommes n’avaient parlé qu’une seule
langue. Désormais, ceux qui comprenaient le même idiome s’unirent
par groupes et s’en allèrent, les uns dans une direction, les autres
dans une autre. “Ainsi l’Éternel les dispersa de là sur toute la terre
Et le dessein de Dieu fut atteint par le moyen même employé par les
hommes pour en empêcher la réalisation.
Mais à quel prix pour cette génération ! Le plan divin voulait
qu’en allant fonder des nations sur toute la surface de la terre, les
hommes emportent avec eux la connaissance de sa volonté, afin que
la lumière de la vérité passe, pure et claire, d’une génération à l’autre.
Noé, le fidèle “prédicateur de la justice”, vécut trois cent cinquante
ans après le déluge, et Sem cinq cents, période durant laquelle leurs
descendants furent, par eux, instruits des exigences de Dieu et de
ses voies envers leurs pères. En revanche, les hommes de Babel —
peu désireux d’entendre des vérités qui leur étaient désagréables et
de conserver la connaissance de Dieu — furent encore empêchés,
par la confusion des langues, d’avoir accès à ceux qui auraient pu
leur communiquer la lumière.
Les bâtisseurs de Babel avaient murmuré contre Dieu. Au lieu
de se souvenir avec gratitude de sa miséricorde envers Adam et son
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alliance de grâce avec Noé, ils s’étaient plaints de sa sévérité envers
le couple primitif chassé de l’Éden, et envers le monde antédiluvien
détruit par le déluge. Or, tout en accusant Dieu d’être arbitraire et
sévère, ils acceptèrent le joug de Satan, plus cruel encore que celui
des tyrans. Pour couvrir de mépris le sacrifice sanglant préfigurant la
mort du Sauveur, et profitant des ténèbres dans lesquelles l’idolâtrie
* .
Genèse 11 :8