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Patriarches et Prophètes
diadème que Saül avait sur la tête et les bracelets d’or qui étaient à
son bras.
Mais “David prit ses vêtements et les déchira ; et tous les hommes
qui étaient avec lui firent de même. Ensuite, ils célébrèrent le deuil,
ils pleurèrent et jeûnèrent jusqu’au soir à cause de Saül, de Jonathan,
son fils, du peuple de l’Éternel et de la maison d’Israël, parce qu’ils
étaient tombés par l’épée.”
La première émotion de David passée, sa pensée se reporta sur
l’étrange messager et sur le crime dont il osait se vanter d’être l’au-
teur. Il demanda au jeune homme : “D’où es-tu ? Il répondit : Je
suis le fils d’un étranger [établi au pays d’Israël], d’un Amalécite.
David lui dit : Comment n’as-tu pas craint de lever la main pour
faire périr l’oint de l’Éternel ?” Lui qui avait eu deux fois Saül entre
les mains, avait toujours refusé, malgré toutes les sollicitations, de
mettre la main sur le roi d’Israël ; et cet Amalécite ne craignait pas de
venir se glorifier de l’avoir tué de sa main ! Comme il s’était accusé
d’un crime digne de mort, le châtiment lui fut immédiatement in-
fligé. “Ton sang soit sur ta tête ! ajouta David. Ta bouche a témoigné
contre toi-même, quand tu as dit : C’est moi qui ai fait mourir l’oint
de l’Éternel.”
La douleur qu’éprouva David à la nouvelle de la mort de Saül
était sincère et profonde. Elle témoignait de la générosité d’un noble
cœur. Il ne se réjouissait pas de la chute de son ennemi. Si l’obstacle
qui s’était opposé à son accès au trône avait disparu, il n’en éprouvait
aucune joie. La mort avait effacé le souvenir de la jalousie et de la
cruauté de Saül. David ne pensait plus qu’à ce qu’il y avait eu de
bon et de royal dans sa vie. Il associait même le nom de Saül à celui
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de Jonathan, dont l’amitié avait été si profonde et si désintéressée.
L’hymne suivant dans lequel David a exprimé les sentiments de
son cœur a constitué un trésor pour le peuple d’Israël, comme pour
le peuple de Dieu de la nouvelle alliance :
Ton élite, ô Israël, a péri sur les collines !
Comment ces héros sont-ils tombés ?
N’allez pas l’annoncer dans Gath,
Ne le publiez pas dans les rues d’Askalon,
De peur que les filles des Philistins ne s’en réjouissent.
Montagnes de Guilboa,