Page 63 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

Seth et Hénoc
59
“Marcher avec Dieu”, pour Hénoc, ce n’était point passer ses
heures dans l’extase ou la contemplation, mais remplir fidèlement
tous les devoirs de la vie quotidienne. Loin de s’isoler et de vivre en
ermite, il se sentait investi d’une mission au sein de la société. Dans
sa famille, ainsi qu’au dehors, comme mari, père, ami et citoyen,
partout et toujours, il vivait en serviteur de Dieu.
Et cette sainte “marche”, cette harmonie “avec Dieu”, dura trois
cents ans ! Il est peu de chrétiens qui, avertis qu’ils n’ont plus que
quelques jours ou quelques semaines à vivre, ne se sentent stimulés
à se conduire d’une manière infiniment plus pieuse. Chez Hénoc, au
contraire, la foi grandissait et la ferveur augmentait avec les années,
avec les siècles.
Malgré sa haute et solide culture, malgré sa vaste érudition,
Hénoc, grâce à sa communion avec le ciel dont il recevait des ré-
vélations particulières, était le plus humble des hommes. Plus était
constant chez lui le sentiment de la grandeur et de la perfection di-
vines, plus il avait conscience de sa faiblesse et de ses imperfections.
Craignant que la chaleur de sa piété ne souffrît au spectacle an-
goissant de l’impiété publique, il recherchait la solitude et s’adonnait
longuement à la méditation et à la prière pour connaître toujours plus
parfaitement la volonté de Dieu. Pour lui, la prière était la respiration
de l’âme lui permettant de vivre dans l’atmosphère même du ciel.
Par l’intermédiaire des anges, Dieu lui donna une plus claire
intelligence du plan de la rédemption. Il lui annonça son dessein
de détruire le monde par un déluge, et lui fit voir l’histoire des
générations qui vivraient après le cataclysme, ainsi que les grands
événements qui marqueraient le retour de Jésus-Christ et la fin du
monde.
Hénoc avait été perplexe au sujet des morts. N’entrevoyant rien
pour les bons au-delà de la tombe, il s’attristait à la pensée que
[63]
justes et injustes retourneraient ensemble dans la poussière, terme
final de leur existence. En vision prophétique, il put contempler, non
seulement la mort du Sauveur, mais son retour en gloire accompagné
de tous les saints anges, pour arracher son peuple à la puissance du
tombeau et consumer les impies par le feu. Il vit aussi qu’à l’époque
de ce retour, la terre serait habitée par une génération fanfaronne,
présomptueuse, rebelle, reniant le seul vrai Dieu, méprisant sa loi,
rejetant et son Fils et son sacrifice rédempteur.