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Patriarches et Prophètes
Il ajouta : Pourquoi mon seigneur poursuit-il ainsi son serviteur ?
Qu’ai-je fait, et quel crime ma main a-t-elle commis ? Que le roi,
mon seigneur, veuille bien écouter maintenant les paroles de son
serviteur.” Une fois de plus, le roi confesse sa faute : “J’ai péché,
dit-il ; reviens, mon fils David ! Je ne te ferai plus de mal, puisqu’en
ce jour tu as respecté ma vie. Oui, j’ai agi follement, et j’ai commis
une très grande faute. David répondit : Voici la lance du roi ; que l’un
de tes jeunes gens passe ici, et la prenne.” Saül avait bien dit : “Je ne
te ferai plus de mal.” Mais David ne voulut pas se placer entre ses
mains. Ce deuxième exemple d’égards de la part de David pour la
vie de Saül, son souverain, fit une plus grande impression sur l’esprit
du roi que le premier et lui arracha une plus humble confession de
sa faute. Confus et bouleversé par la grande magnanimité dont il
est l’objet, il s’écrie en s’éloignant : “Béni sois-tu, mon fils David !
Certainement, tu réussiras dans toutes tes entreprises !”
Le fils d’Isaï ne croyait pas que Saül demeurerait longtemps
dans les sentiments qu’il venait d’exprimer. Abattu, “David se dit
en lui-même : Je périrai quelque jour par la main de Saül ! Je n’ai
lien de mieux à faire que de me réfugier dans le pays des Philistins.
... David se leva donc et se rendit avec les six cents hommes qui
l’accompagnaient, auprès d’Akis, roi de Gath.”
Mais David n’avait pas consulté l’Éternel à ce sujet. Alors que
Saül tramait sa mort, Dieu lui préparait le trône d’Israël. Bien qu’ils
soient enveloppés de mystère aux yeux des hommes, les plans de
Dieu s’exécutent. Incapables de comprendre ses voies et se basant
sur des apparences, les hommes considèrent les épreuves permises
par le ciel comme autant d’obstacles et de présages de malheur.
C’est ainsi que David, au lieu de s’attacher aux promesses de Dieu,
s’arrêtait aux circonstances et commençait à douter de jamais parve-
nir au trône. Ses longues tribulations avaient épuisé sa foi, lassé sa
patience.
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Ce n’était pas le Seigneur qui envoyait David demander protec-
tion aux Philistins, les ennemis d’Israël. Dans sa détresse, perdant
toute confiance en Saül et en son entourage, il s’abandonnait à la
merci des pires ennemis de son peuple ! En se rendant chez les Phi-
listins, ce brave général, ce guerrier sage et victorieux travaillait à
l’encontre de sa cause. Dieu l’avait appelé à dresser son étendard