Page 619 - Patriarches et Proph

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Magnanimité de David
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intentionnés rapportèrent ce fait à David. Celui-ci, accompagné de
quelques-uns de ses hommes, part à la recherche de son ennemi. Ils
arrivent à l’endroit où sont dressées les tentes de Saül et de sa troupe,
mais ils ne voient pas de sentinelles en observation : le camp est
tout entier plongé dans le sommeil. David demande alors à ses amis
lequel d’entre eux consent à le suivre au milieu du camp : Abisçaï
répond immédiatement : “Moi, j’y descendrai avec toi !”
Dissimulés par l’ombre des collines, David et son compagnon
passent inaperçus au milieu de l’armée. Ils cherchent à se rendre
compte du nombre de leurs ennemis et arrivent vers Saül qu’ils
trouvent endormi, une cruche d’eau à son chevet. Abisçaï dit alors à
David : “Dieu a livré aujourd’hui ton ennemi entre tes mains ; laisse-
moi, je te prie, le frapper de la lance et le clouer à terre d’un seul
coup ; je n’aurai pas à y revenir.” En réponse, il entend ces paroles
prononcées à voix basse : “Ne le tue pas ; qui pourrait impunément
mettre la main sur l’oint de l’Éternel ?” David ajoute : “L’Éternel est
vivant ! C’est à l’Éternel seul de le frapper, soit que son jour vienne
et qu’il meure, soit qu’il descende au combat et qu’il y périsse.
Que l’Éternel me garde de porter la main sur l’oint de l’Éternel !
Prends seulement, je te prie, la lance qui est à son chevet, ainsi que
la cruche d’eau, et allons-nous-en. Ainsi David prit la lance et la
cruche d’eau qui étaient au chevet du lit de Saül, et ils s’en allèrent.
Personne ne les avait vus ou remarqués, car aucun des soldats ne
s’était réveillé ; tous dormaient, parce que l’Éternel avait fait tomber
sur eux un profond sommeil.” Dieu peut paralyser les plus forts,
priver de sagesse les plus prudents, rendre vaines les précautions des
plus vigilants.
Quand David eut atteint un lieu sûr, debout, au sommet de la
colline, il cria à haute voix à la troupe endormie et à Abner, son
général : “Quoi, n’es-tu pas un brave, et qui est ton pareil en Israël ?
Pourquoi donc ne veilles-tu pas sur le roi, ton seigneur ? Quelqu’un
du peuple est venu pour tuer le roi, ton seigneur ! Ce n’est pas bien
ce que tu as fait là. Aussi vrai que l’Éternel est vivant, vous méritez
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la mort, vous qui ne veillez pas sur votre seigneur, l’oint de l’Éternel.
Et maintenant, regarde où sont la lance du roi et la cruche d’eau qui
se trouvaient à son chevet.”
“Alors Saül reconnut la voix de David, et il dit : Est-ce bien ta
voix, mon fils David ? David dit : C’est ma voix, ô roi, mon seigneur !