Magnanimité de David
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mais je t’ai épargné, et j’ai dit : Je ne porterai pas la main sur mon
seigneur ; car il est l’oint de l’Éternel. Vois donc, mon père, le pan
de ton manteau que je tiens à la main ; puisque j’ai le pan de ton
manteau et que je ne t’ai pas tué, sache et reconnais qu’il n’y a en
moi ni méchanceté ni révolte, et que je n’ai point péché contre toi.
Et toi, tu fais la chasse à ma vie pour me l’ôter !”
Humilié des reproches de son gendre, dont il ne pouvait contester
la justesse, profondément ému de constater qu’il venait d’être à la
merci de l’homme dont il cherchait à ôter la vie, et que celui-ci était
debout devant lui, fort de son innocence, Saül s’écria : “Est-ce bien
ta voix, mon fils David ? Et Saül éleva la voix et pleura. Il dit à
David : Tu es plus juste que moi ; car tu m’as rendu le bien pour
le mal que je t’ai fait. ... Quand un homme trouve son ennemi, le
laisse-t-il aller sain et sauf ? Que l’Éternel te rende du bien pour ce
que tu m’as fait aujourd’hui ! Maintenant je sais que tu seras roi, et
que le royaume d’Israël restera entre tes mains.” Et sur la demande
du roi, David lui jure que quand ses paroles se réaliseront il traitera
sa maison avec égards.
Mais David ne pouvait se fier aux promesses de Saül, ni espérer
que ses regrets seraient de longue durée. Il resta donc dans la retraite
des rochers, et le roi se rendit chez lui.
L’inimitié contre les serviteurs de Dieu de la part d’hommes ins-
pirés par Satan peut parfois se changer en sentiments reconnaissants
et bienveillants, mais ce changement n’est pas toujours durable. Il
peut arriver à des hommes qui ont calomnié et persécuté les enfants
de Dieu d’être amenés à reconnaître leurs torts, à s’humilier devant
ceux dont ils ont ruiné la réputation et à changer d’attitude à leur
égard. Mais lorsqu’ils cèdent à nouveau aux suggestions du Malin, la
vieille inimitié se réveille, et ils reprennent l’œuvre dont ils s’étaient
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repentis et qu’ils avaient un moment abandonnée. On les revoit mé-
dire, accuser et condamner de la façon la plus amère les personnes
auxquelles ils avaient fait la plus humble confession. Leur conver-
sion n’est qu’éphémère. Satan peut se servir d’eux avec beaucoup
plus d’efficacité parce qu’ils renient une lumière plus éclatante.
“Puis Samuel mourut ; tout Israël se rassembla pour célébrer
son deuil ; et on l’ensevelit dans sa maison à Rama.” En Israël,
cette mort fut considérée comme une perte irréparable. Un grand
prophète, un homme d’une rare bonté, un juge éminent avait quitté