David et Goliath
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tisserand et dont le fer pesait six cents sicles, — le cœur avait manqué
aux guerriers de Saül.
Chaque matin et chaque soir, Goliath s’avançait vers le camp
d’Israël, et disait à haute voix : “Pourquoi sortez-vous pour vous
ranger en bataille ? Ne suis-je pas le Philistin, et vous, les sujets de
Saül ? Choisissez parmi vous un homme qui combatte contre moi.
S’il a l’avantage en combattant avec moi, et s’il me tue, nous serons
vos sujets ; mais si j’ai l’avantage sur lui, et si je le tue, vous nous
serez assujettis, et vous nous servirez ! Le Philistin disait encore :
Oui, je jette aujourd’hui ce défi aux troupes d’Israël : Donnez-moi
un homme et nous combattrons ensemble.”
Ayant permis à David d’accepter le défi de Goliath, tout en
n’osant espérer qu’il réussît dans son héroïque entreprise, Saül donna
ordre de le revêtir de son armure. Le lourd casque d’airain fut placé
sur sa tête ; on le revêtit de la cuirasse, et on le ceignit de l’épée du
monarque. Ainsi équipé, David se mit en route, mais pour revenir
bientôt sur ses pas. Les spectateurs inquiets jugèrent qu’il avait dé-
cidé de ne pas risquer sa vie dans une rencontre aussi inégale. Mais
ce n’était pas la pensée du jeune guerrier. Il demanda simplement la
permission de se décharger de cette armure encombrante, en disant
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à Saül : “Je ne saurais marcher avec ces armes ; car je n’y suis pas
habitué. David s’en débarrassa, et il prit en main un bâton. Il choisit
dans le torrent cinq cailloux bien polis, les mit dans le sac de berger
qui lui servait de gibecière, et, sa fronde à la main, il s’avança contre
le Philistin.”
Le géant, précédé de son écuyer, s’avança hardiment, s’attendant
à affronter le plus redoutable des guerriers d’Israël. Il s’approcha
de David et ne vit qu’un adolescent robuste et au visage vermeil
de santé, qui, nullement gêné par une armure, se présentait à son
avantage. Entre cette jeune silhouette et les formes massives du
redoutable athlète, le contraste était frappant.
Alors, la surprise, la confusion et la rage de Goliath éclatèrent :
“Suis-je un chien, hurla-t-il, pour que tu viennes contre moi avec
un bâton ?” Et, par tous les dieux à lui connus, il déversa sur David
un flot de malédictions et d’outrages. Puis, ricanant : “Viens ici, je
donnerai ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs.”
Sans faiblir, David répondit au champion des Philistins : “Tu
viens contre moi avec l’épée, la lance et le javelot ; mais moi, je