Page 563 - Patriarches et Proph

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Le premier roi d’Israël
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Divinement investi de la triple charge de juge, de prophète et de
prêtre, il avait travaillé avec un zèle infatigable et désintéressé au bien
de son peuple. Sous sa prudente administration, Israël avait prospéré.
L’ordre rétabli, la piété encouragée, l’esprit de mécontentement avait
cessé de se manifester. Mais l’âge ayant obligé Samuel de partager
avec d’autres les soucis du gouvernement, il avait, en accord avec
le peuple, appelé ses deux fils à le seconder. Le prophète continuait
d’exercer ses fonctions à Rama, tandis que ses fils, établis à Béer-
Séba, administraient la justice dans la partie méridionale du pays.
Ces derniers ne se montrèrent pas dignes du choix de leur père.
Dieu avait expressément déclaré que les gouverneurs d’Israël de-
vaient juger avec droiture, traiter les veuves et les orphelins avec
équité et ne pas recevoir de présents. Mais les fils de Samuel, “pour
s’enrichir, acceptaient des présents et violaient la justice”. D’autre
part, le prophète, oublieux de l’expérience d’Héli, se montra trop
indulgent avec ses fils, et le résultat de cette faiblesse ne tarda pas à
se manifester dans leur conduite.
La partialité des deux jeunes magistrats causa beaucoup de mé-
contentement et servit au peuple de prétexte pour exprimer un désir
caressé depuis longtemps. “Tous les anciens d’Israël, s’étant réunis,
allèrent trouver Samuel à Rama et lui dirent : Te voilà chargé d’an-
nées, et tes fils ne suivent pas tes traces. Maintenant, établis sur nous
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un roi pour nous juger, comme en ont tous les peuples
” Les abus
des fils de Samuel ne lui avaient pas été dénoncés. S’il les avait
connus, il les aurait immédiatement destitués. Mais ce n’était pas
là ce que voulaient les pétitionnaires. Samuel vit bien que le vrai
mobile du mécontentement était l’orgueil, et que derrière la demande
du peuple se cachait une détermination bien arrêtée. Aucune plainte
n’était proférée contre lui. Chacun rendait hommage à la sagesse et
à l’intégrité de son administration. Néanmoins, le vieillard crut voir
dans cette requête une censure personnelle et une tentative directe
de l’éliminer. Sans donner cours à sa tristesse ni adresser aucun
reproche aux représentants du peuple, il en fit un sujet de prière et
ne chercha de conseil qu’en Dieu seul.
“L’Éternel dit à Samuel : Obéis à la voix du peuple dans tout
ce qu’ils te diront ; ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils
* .
Voir
1 Samuel 8 à 12