Samson
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“Seigneur Éternel, je te prie, souviens-toi de moi ! O Dieu ! donne-
moi de la force, cette fois seulement, afin que je me venge des
Philistins pour la perte de mes deux yeux !” Embrassant alors les
deux colonnes de ses bras puissants, il jette ce cri terrible : “Que je
meure avec les Philistins !” et, “d’un effort suprême”, il se cambre
en avant. ... “Les deux colonnes du milieu” qui soutiennent l’édifice
oscillent, s’ébranlent, et le toit s’écroule avec fracas “sur les princes
et sur tout le peuple qui s’y trouve”. “C’est ainsi qu’il fit périr beau-
coup plus de gens dans sa mort qu’il n’en avait fait périr pendant sa
vie.”
L’idole et ses adorateurs, prêtres et paysans, nobles et guerriers
furent tous ensemble ensevelis sous les ruines du temple de Dagon.
Parmi eux se trouvait celui que Dieu avait destiné à délivrer son
peuple. La nouvelle de cette catastrophe étant parvenue en Israël,
les compatriotes de Samson descendirent de leurs collines et, sans
rencontrer d’opposition, ils retirèrent le corps de leur héros du milieu
des décombres. “Ils remontèrent chez eux, et ils l’ensevelirent entre
Tsoréa et Estaol, dans le tombeau de Manoah, son père.”
La promesse de Dieu annonçant que c’était par Samson qu’il
“commencerait à délivrer Israël des Philistins” s’était accomplie.
Mais combien tristes avaient été les péripéties de cette vie qui aurait
pu servir à la louange de Dieu et à la gloire de son peuple ! Demeuré
fidèle à sa mission divine, Samson aurait vu les desseins de Dieu se
réaliser pour lui dans la respectabilité et l’honneur. Par ses capitula-
tions devant la tentation, ses infidélités à l’égard de sa vocation, sa
carrière entachée de défaites s’était terminée par l’esclavage et une
mort lamentable.
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Physiquement, Samson fut l’homme le plus fort qui vécut ici-
bas. Mais en fait de force morale, d’intégrité et de volonté, il se
place parmi les plus faibles. On confond souvent de fortes passions
avec un fort caractère. Mais, au contraire, l’homme dompté par ses
passions est faible. La vraie grandeur se mesure à la puissance des
sentiments qu’on subjugue et non à celle des passions par lesquelles
on est subjugué.
Le fils de Manoah fut entouré de soins providentiels qui le pré-
parèrent pour l’œuvre à laquelle il était destiné. Il avait grandi dans
des conditions propres à développer la force physique, la vigueur
intellectuelle et la pureté morale. Mais sous l’influence de mauvaises