Page 517 - Patriarches et Proph

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Les premiers juges
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propre chef. Ce fait, à lui seul, démontrait qu’ils n’étaient pas dignes
d’être choisis comme instruments du Seigneur.
Gédéon leur répondit : “Qu’ai-je fait en comparaison de vous ?
Les grappillages d’Éphraïm ne valent-ils pas mieux que la vendange
d’Abiézer ? Dieu a livré entre vos mains les chefs des Madianites,
Oreb et Zéeb. Qu’ai-je donc pu faire en comparaison de vous ?”
La jalousie d’Éphraïm aurait pu facilement engendrer une querelle
suivie de violences. Mais la modeste réponse de l’homme de Dieu
apaisa leur fureur, et ils s’en retournèrent chez eux satisfaits. Ferme
et intransigeant lorsqu’il s’agissait de principes, ce “vaillant guerrier”
manifesta en cette occasion un rare esprit de conciliation.
De retour de cette brillante victoire, les Israélites reconnaissants
offrirent la royauté à Gédéon et à sa famille. Cette proposition se
heurtait aux principes de la théocratie israélite et impliquait le rejet
de Dieu comme roi d’Israël. La réponse de Gédéon montre la pureté
de ses principes et la noblesse de ses mobiles : “Je ne régnerai pas
sur vous, dit-il, et mon fils ne régnera point sur vous.”
Mais un autre piège l’attendait, dans lequel il tomba. Une période
d’inactivité succédant à de grandes luttes est souvent plus dangereuse
que la bataille. Lorsque le peuple de Dieu a remporté une grande
victoire, Satan s’acharne contre lui. Telle est l’explication des projets
imprudents qui montèrent à l’esprit de Gédéon. Jusque-là, il s’était
contenté de mettre à exécution les ordres du Seigneur. Poussé par
une humeur remuante et impatiente, au lieu de se laisser conduire, il
se mit à forger des plans pour lui-même.
Il se souvint de l’ordre qui lui avait été donné d’offrir un sacrifice
sur le rocher d’Ophra, et conclut qu’il avait été appelé à exercer la
prêtrise. Sans attendre aucune instruction divine, il prépara un lieu
pour y célébrer un culte analogue à celui du tabernacle. Grâce à la
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faveur populaire, il n’eut aucune peine à mener son plan à bonne
fin. Comme part du butin pris aux Madianites, il réclama toutes les
boucles d’or. En outre, le peuple ajouta des objets de grand prix et
les riches vêtements des rois de Madian. En possession de ces dons,
Gédéon se fit un éphod et un pectoral sur le modèle de ceux que
portait le grand prêtre. Cet acte inconsidéré eut des conséquences
funestes pour lui, sa famille et tout Israël. Ce culte illégal induisit un
bon nombre d’Israélites à abandonner Dieu et à adorer des idoles.
Après la mort de Gédéon, l’apostasie se généralisa et envahit même