Le soin des pauvres
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comme une race inférieure. Cette oppression suscite des sentiments
de colère et de haine chez les indigents, en proie au découragement
et au désespoir, et se traduisent par des conflits meurtriers, désor-
ganisateurs et destructeurs de l’ordre civil. Or les lois établies par
Dieu en Israël avaient pour but de préserver l’égalité sociale ; l’année
sabbatique et le jubilé celui de rétablir et de reconstituer ce qui, dans
l’intervalle, s’était désaxé dans l’économie sociale et politique de la
nation.
Il s’agissait là du bien des riches tout autant que de celui des
pauvres. Il fallait réprimer la cupidité et l’ambition en cultivant
de nobles sentiments de bienfaisance. L’encouragement à la bien-
veillance et à la confiance entre toutes les classes de la société ne
pouvait que consolider l’ordre social et assurer la stabilité de l’État.
Membres d’une même humanité, mailles d’un vaste filet, nous
sommes tous liés les uns aux autres. Ce qui contribue au bonheur et
au relèvement du prochain a sur nous une répercussion bienfaisante.
La loi de l’interdépendance embrasse toutes les classes de la société.
Les pauvres ne dépendent pas plus des riches que ceux-ci ne dé-
pendent des pauvres. Si ces derniers réclament une part des bienfaits
du ciel à leurs voisins plus favorisés, ceux-ci ont besoin du labeur
fidèle, du service intelligent et des bras vigoureux qui constituent le
capital du pauvre.
A condition d’obéir à ses préceptes, Dieu avait promis à Israël les
bénédictions suivantes : “Je vous enverrai les pluies en leur saison.
La terre donnera ses produits, et les arbres des champs porteront
leurs fruits. Le battage des blés se prolongera chez vous jusqu’à
la vendange, et la vendange jusqu’aux semailles ; vous mangerez
votre pain à satiété, et vous habiterez en sécurité dans votre pays. Je
ferai régner la paix dans le pays, et votre repos ne sera point troublé ;
je ferai disparaître du pays les animaux malfaisants, et l’épée ne
passera point par votre territoire. ... Je marcherai au milieu de vous ;
je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. ...
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Mais si vous ne m’écoutez pas et si vous ne mettez pas en
pratique tous ces commandements, ... et que vous rompiez mon
alliance, ... vous sèmerez en vain votre semence : vos ennemis la
mangeront. Je tournerai ma face contre vous ; vous serez vaincus par