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Patriarches et Prophètes
il se décide à rentrer en grâce auprès de Balak en lui indiquant la
manière de faire tomber ce peuple sous la malédiction divine.
Il retourne immédiatement au pays de Moab, et il développe
devant le roi un stratagème qui entraînera les Hébreux à participer
à des actes d’idolâtrie, ainsi qu’à prendre part au culte licencieux
de Baal et d’Astarté. De cette manière, Israël, perdant la protection
divine, sera à la merci des nations belliqueuses qui l’entourent. Le
roi acquiesça immédiatement à ce plan, et retint Balaam auprès de
lui pour l’aider à le mettre à exécution.
Balaam assista au succès de sa diabolique manœuvre. Il vit la
malédiction de Dieu fondre sur son peuple et des milliers d’Israélites
périr sous ses jugements. Mais la justice rétributive qui châtiait Israël
n’épargna point son séducteur. Au cours de la guerre qui éclata entre
Israël et les Moabites, Balaam fut tué. Il avait eu le pressentiment
que sa fin était proche, quand il s’était écrié : “Que je meure de la
mort des justes, et que ma fin soit semblable à la leur !” Mais n’ayant
pas choisi de vivre comme les justes, il fut rangé parmi les ennemis
de Dieu.
Le sort de Balaam rappelle celui de Judas auquel il ressemble
d’une manière frappante. Tous deux ont voulu faire coïncider le
service de Dieu avec celui de Mammon et ont échoué d’une façon
lamentable. Balaam connaissait le vrai Dieu et professait de le servir.
Judas considérait Jésus comme le Messie et s’était fait recevoir au
nombre de ses disciples. Balaam conçut l’idée de faire du service
de Dieu un moyen de parvenir à la richesse et aux honneurs. Au
lieu d’atteindre son but, il trébucha et perdit la vie. Judas espéra
également se servir de ses rapports avec le Sauveur pour arriver à la
fortune et à une haute situation dans le royaume temporel dont Jésus
serait le roi. La ruine de ses espérances l’entraîna à l’apostasie et au
suicide. Balaam et Judas avaient tous deux reçu de grandes lumières
et joui de grands privilèges. Un seul péché caressé empoisonna toute
leur vie et causa leur perte.
Il est dangereux de laisser subsister dans son cœur une seule
disposition non chrétienne. Un seul péché caressé finit par altérer le
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caractère et par étouffer les plus nobles aspirations. Un seul accroc à
la conscience, une seule mauvaise habitude contractée, une seule né-
gligence à l’égard du devoir abattent les barrières de l’âme et ouvrent