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Patriarches et Prophètes
et provoquait leurs murmures contre Moïse. Si Dieu les avait laissés
libres d’agir à leur guise, ils auraient eu peu de plaintes à élever
contre leurs chefs. Dans toutes les périodes de l’histoire de l’Église,
les serviteurs de Dieu ont rencontré le même esprit.
En s’adonnant aux délices du péché, les hommes ouvrent leur
cœur à Satan et avancent d’un degré de méchanceté à un autre. A
force de rejeter la vérité, l’esprit s’obscurcit. Il repousse la lumière
la plus éclatante et finit par s’endurcir dans le mal. Le péché cesse
de lui paraître odieux, et il s’y adonne avec toujours plus de facilité.
Pour ceux qui en sont là, les fidèles serviteurs de Dieu deviennent
des objets de haine. N’étant pas disposés à accepter les souffrances
et les sacrifices qu’exige une réforme, toute répréhension, tout appel
est exagéré et mal venu. Comme Coré, ils déclarent que ce n’est
pas le peuple qui est à blâmer, mais le censeur. Et en endormant
leur conscience par cette erreur, les envieux et les mécontents se
concertent pour semer la discorde dans l’Église et pour paralyser les
efforts de ceux qui cherchent à l’édifier.
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Tout progrès réalisé par ceux que Dieu appelle à mener son
œuvre à bien excite la suspicion. Chacun de leurs actes est dénaturé
par les jaloux et les médisants. Il en a été ainsi au temps de Luther,
de Wesley et d’autres réformateurs, et il en est de même aujourd’hui.
Coré n’aurait pas agi comme il le fit s’il avait
su
que toutes les
directives et les censures communiquées à Israël venaient de Dieu.
Mais il aurait
pu le savoir.
Dieu avait prouvé d’une façon éclatante
que c’était lui qui conduisait Israël. Seulement, Coré et ses affiliés
rejetèrent la lumière jusqu’au point où les manifestations les plus
aveuglantes de la part de Dieu ne purent plus les convaincre et ils les
attribuèrent alors à l’influence humaine ou à la puissance satanique.
Le lendemain de la disparition de Coré et de ses partisans, le peuple
fit la même chose, lorsqu’il se mit à dire : “Vous avez fait mourir le
peuple de l’Éternel.” En face d’une preuve incontestable du déplaisir
de Dieu, à savoir la destruction des hommes qui les avaient séduits,
ils osèrent déclarer que c’était par le pouvoir de Satan que Moïse
avait fait mourir ces hommes justes et intègres.
C’est ce qui scella leur destinée. Ils avaient commis le péché
contre le Saint-Esprit, péché par lequel le cœur de l’homme s’endur-
cit définitivement contre l’influence de la grâce divine. “Si quelqu’un
parle contre le Fils de l’homme, dira Jésus, il lui sera pardonné ; mais