Page 363 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

La révolte de Coré
359
Nadab et Abihu eux-mêmes avaient été frappés à mort pour avoir,
contrairement à la règle, osé offrir un “feu étranger”. Aussi Moïse
défiait-il ses accusateurs d’en appeler à Dieu, s’ils avaient le courage
d’en affronter le péril.
Désignant Coré et les Lévites qui l’accompagnaient, il leur
adressa ces paroles : “Est-ce trop peu pour vous que le Dieu d’Israël
vous ait mis à part de l’assemblée d’Israël, et vous ait permis de vous
approcher de lui, pour faire le service du tabernacle de l’Éternel, et
pour vous présenter devant l’assemblée, afin de la servir ? Il te laisse
approcher de lui, toi et tous tes frères, les enfants de Lévi, avec toi,
et vous recherchez encore le sacerdoce ! C’est pour cela que toi et
tous ceux qui sont avec toi, vous vous êtes ligués contre l’Éternel !
Car qui est Aaron, pour que vous murmuriez contre lui ?”
Dathan et Abiram n’avaient pas pris, dans ce mouvement, une
part aussi compromettante que Coré. Dans l’espoir qu’ils s’étaient
laissé entraîner dans la conspiration sans en comprendre toute la lai-
deur, Moïse leur demanda de venir lui faire part de leurs griefs. Mais
ils refusèrent de se rendre à son invitation et nièrent insolemment
son autorité. Leur réponse, faite à l’ouïe de tout le peuple, fut la
suivante : “Nous ne monterons pas. Est-ce peu de chose que tu nous
aies fait sortir d’un pays où coulent le lait et le miel, pour nous faire
mourir dans le désert, et que tu veuilles encore dominer sur nous ?
Certes tu ne nous as pas fait venir dans un pays où coulent le lait
[378]
et le miel, et tu ne nous as pas donné un héritage de champs ou de
vignes ! Penses-tu rendre ces gens aveugles ?... Nous ne monterons
pas.”
Appliquant au théâtre de leur esclavage les termes mêmes em-
ployés par Dieu pour décrire le pays promis, ils accusaient Moïse
de les asservir tout en se disant inspiré d’en haut, et ils lui décla-
raient qu’ils n’entendaient plus se laisser mener çà et là comme des
aveugles, tantôt vers Canaan et tantôt vers le désert, au gré de son
ambition. Et voilà comment celui qui avait été pour eux comme un
père, comme un berger patient, devenait à leurs yeux le pire des
tyrans et des usurpateurs ! Exclus de Canaan par leur propre faute,
ils en rejetaient le blâme sur Moïse !
Bien que les sympathies du peuple soient nettement acquises
aux mécontents, Moïse ne cherche pas à se justifier. Devant toute