Page 325 - Patriarches et Proph

Basic HTML Version

Nadab et Abihu
321
qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le
peuple.” Aaron demeura silencieux. Il reconnaissait que la mort de
ses deux fils, frappés sans avertissement pour un grave péché, était
le résultat de sa propre négligence. Obéissant à l’avertissement de
son frère, il dissimula sa tristesse. Il comprit qu’il ne fallait pas,
par un signe de douleur quelconque, laisser soupçonner chez lui la
moindre apparence de sympathie pour le mal, sympathie par laquelle
la congrégation aurait pu être entraînée à murmurer contre Dieu.
Pour inspirer à tous une crainte salutaire du péché, Dieu voulait
que son peuple reconnût la justice de ses châtiments, afin de pré-
server à temps ceux qui, par des idées erronées sur une prétendue
indulgence divine, auraient cru pouvoir se livrer impunément au mal.
Le ciel condamne toute fausse sympathie vis-à-vis du pécheur qui
s’excuse. Le devoir des serviteurs de Dieu est d’avertir les personnes
chez qui la perception morale s’est oblitérée au point de ne plus voir
l’énormité de leurs fautes, et qui courent le danger de s’engourdir
dans leur fatal aveuglement. Ceux qui atténuent la gravité et les
résultats du péché peuvent se flatter de leur charité ; leur œuvre n’en
contrecarre pas moins celle de l’Esprit de Dieu. Ils bercent d’une
sécurité fatale des pécheurs côtoyant l’abîme et se font à la fois com-
plices de leur culpabilité et responsables de leur impénitence. Très
nombreux sont ceux qui, à la faveur de cette décevante sympathie,
sont allés à la ruine éternelle.
[336]
Il faut dire aussi que Nadab et Abihu n’auraient jamais commis
ce péché s’ils n’avaient d’abord été en état d’ivresse partielle à la
suite de copieuses libations de vin. Ils savaient pourtant qu’avant de
pénétrer dans le sanctuaire où se manifestait la présence divine, ils
devaient se livrer à une préparation sévère, dont leur intempérance
les avait rendus incapables. Mais leur perception morale était à tel
point engourdie qu’ils n’étaient plus capables de discerner entre le
sacré et le profane. Aaron et ses deux fils survivants reçurent alors
cet avertissement : “Tu ne boiras ni vin ni boisson
toi ainsi que tes
fils, quand vous entrerez dans la Tente d’assignation, de peur que
vous ne mourriez. C’est là une loi perpétuelle que vous observerez
de génération en génération, afin que vous soyez toujours en état de
discerner ce qui est saint et ce qui est profane, ce qui est souillé et
* .
Lévitique 10 :9-11
, traduction littérale