Les plaies d’Egypte
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tits enfants ! Non, certes, car vous avez quelque mauvais dessein.
Il n’en sera pas ainsi. Allez, vous les hommes, et servez l’Éternel,
puisque c’est là ce que vous avez demandé. Puis on les chassa de
devant le Pharaon.”
Celui qui avait cherché à décimer les Israélites par un travail
excessif, affecte maintenant de prendre un profond intérêt à leur
bien-être et un tendre soin de leurs petits enfants. En réalité, il voulait
garder les femmes et les enfants comme otages, afin de s’assurer le
retour des hommes.
Moïse étendit alors sa verge sur le pays, et un vent d’orient qui
se mit à souffler amena les sauterelles. “Elles étaient si nombreuses
qu’il n’y en a jamais eu autant avant elles, et on n’en verra jamais
plus autant après elles. Elles couvrirent le sol sur toute l’étendue du
pays, qui en fut obscurci. Elles dévorèrent toute l’herbe de la terre
et tous les fruits des arbres, tout ce que la grêle avait laissé.”
Le Pharaon manda en grande hâte les messagers de Jéhovah,
et leur dit : “J’ai péché contre l’Éternel, votre Dieu, et contre vous.
Mais pardonne, cette fois encore, je te prie, mon péché, et intercédez
auprès de l’Éternel, votre Dieu, pour qu’il éloigne au moins de moi
ce fléau mortel.” Ainsi fut fait, et un puissant vent d’occident emporta
les sauterelles vers la mer Rouge. Mais le roi se buta encore une
fois.
L’Égypte était au désespoir. Les fléaux qui l’avaient désolée
semblaient dépasser tout ce qu’il était possible aux hommes de sup-
porter ; et à la pensée de l’avenir, les populations étaient frappées
d’épouvante. On avait adoré en Pharaon un représentant de la di-
vinité ; mais on commençait à s’apercevoir qu’il se cabrait devant
un Être qui faisait des puissances de la nature les ministres de ses
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volontés. En revanche, le peuple asservi, qui se voyait si miraculeu-
sement favorisé, s’accoutumait à croire à sa délivrance. Les maîtres
de corvée n’osaient plus, comme auparavant, opprimer les Hébreux.
Dans tous les cœurs régnait une crainte secrète de voir cette race
malmenée se lever et tirer vengeance de ses oppresseurs. Partout, on
se demandait avec terreur : “Que va-t-il arriver ?”
Soudain, le pays fut envahi de ténèbres si denses qu’il semblait
qu’on pût les toucher de la main. Non seulement l’obscurité était
totale, mais l’atmosphère paraissait irrespirable. “Pendant trois jours,
les Égyptiens ne se voyaient pas les uns les autres et aucun d’eux ne