Les plaies d’Egypte
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Le roi persistant dans son obstination, Moïse reçut l’ordre de
prendre “des poignées de cendres de fournaise” et de les répandre
vers le ciel sous les yeux du Pharaon. Comme les autres plaies, cet
acte était profondément significatif. Quatre cents ans auparavant,
Dieu avait montré à Abraham l’oppression future de son peuple sous
l’emblème d’un brasier fumant et d’une flamme de feu, lui déclarant
qu’il enverrait ses jugements sur les oppresseurs, et que les captifs
sortiraient de l’Égypte chargés de biens. Le geste de Moïse rappelait
à Israël que s’il avait longtemps langui en Égypte dans la fournaise
de l’affliction, le temps de la délivrance était arrivé. Projetées dans
les airs, les cendres se répandirent dans tout le pays. Partout où
elles se déposèrent, elles “produisirent, sur les hommes et sur les
animaux, des ulcères formés par une éruption de pustules”. Jusque-
là, les prêtres et les magiciens avaient encouragé le roi dans son
opiniâtreté ; mais, frappés eux-mêmes par une maladie repoussante
et douloureuse, exposés à un mépris d’autant plus humiliant qu’ils
s’étaient vantés de leur pouvoir, ils renoncèrent à lutter contre le
Dieu d’Israël. Le peuple entier se rendit compte qu’il était absurde
de se confier en des magiciens qui ne pouvaient pas même protéger
leurs propres personnes.
Le cœur du Pharaon s’endurcissant de plus en plus, Dieu lui
envoya ce nouveau message : “Cette fois, je vais déchaîner tous
mes fléaux contre toi-même, contre tes serviteurs et ton peuple, afin
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que tu saches que nul n’est pareil à moi sur toute la terre. ... Voici
pourquoi je t’ai laissé subsister : c’est afin de montrer en toi ma
puissance.” Ce n’était pas que Dieu l’eût appelé à l’existence dans
ce but ; mais il avait fait concourir les événements de telle sorte qu’il
occupât le trône d’Égypte au temps fixé pour la délivrance d’Israël.
Le Seigneur avait conservé la vie de cet orgueilleux tyran, indigne
de sa grâce, afin que son obstination donnât lieu à la manifestation
de ses merveilles sur le pays d’Égypte. Il aurait pu placer sur le
trône un roi conciliant qui n’eût pas osé résister aux éclatantes
manifestations de sa puissance. Mais alors, ses desseins n’eussent
pas été accomplis. Il avait livré son peuple à la cruauté des Égyptiens
afin de lui faire connaître par expérience l’influence avilissante
de l’idolâtrie. En châtiant ce prince, Dieu montrait son horreur de
l’idolâtrie, de l’oppression et de la cruauté.