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Patriarches et Prophètes
demande et qualifie d’imposteurs les serviteurs de l’Éternel, sans
pouvoir, cependant, leur faire aucun mal.
Pour le convaincre que le grand JE SUIS lui avait envoyé ses
prophètes, ce miracle avait été accompli par Dieu, et non par Moïse
et Aaron, tandis que les magiciens l’avaient contrefait par la puis-
sance de Satan. Les magiciens n’avaient pas réellement changé leurs
bâtons en serpents. Grâce à la magie — un des instruments du grand
séducteur — ils en avaient seulement produit l’illusion. Quoique en
possession de toute l’intelligence et de toute la puissance d’un ange
déchu, le prince du mal n’a pas le pouvoir de créer ; seul Dieu peut
donner la vie. Changer les bâtons en serpents était au-dessus de la
force de Satan : une contrefaçon, voilà tout ce qu’il pouvait faire.
Mais comme les faux serpents ressemblaient parfaitement à celui de
Moïse, le Pharaon crut, avec ses courtisans, que les bâtons avaient
été changés en serpents. Et lorsque le serpent de Moïse engloutit
ceux des magiciens, le roi, au lieu de l’attribuer à la puissance divine,
y vit simplement une magie supérieure à celle de ses sorciers.
Satan avait fourni au monarque le prétexte désiré pour résister à
l’injonction de Jéhovah et récuser les miracles qu’il avait accomplis
par Moïse. Il déclara aux Égyptiens que ces deux frères n’étaient que
des enchanteurs, et que le message qu’ils apportaient ne pouvait pré-
tendre au respect dû aux ordres d’un être supérieur. La contrefaçon
de Satan atteignait donc son but : confirmer les Égyptiens dans leur
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rébellion, et encourager le Pharaon à endurcir son cœur. Il espérait
également ébranler la confiance de Moïse et d’Aaron en la divine
origine de leur mission et faire échouer ainsi l’émancipation des
enfants d’Israël.
Le prince du mal avait encore un but plus profond en faisant
simuler les miracles par les magiciens. Il savait qu’en brisant le joug
de la servitude qui pesait sur Israël, Moïse préfigurait le divin Libé-
rateur qui devait donner le coup de grâce au règne du péché au sein
de la race humaine. Il savait qu’à l’apparition du Messie, de grands
miracles prouveraient au monde que celui-ci était l’envoyé de Dieu ;
et il tremblait pour son pouvoir. Aussi, en contrefaisant l’œuvre
de Moïse, Satan espérait-il non seulement empêcher la délivrance
d’Israël, mais exercer sur les siècles futurs une influence telle qu’on
ne croirait pas aux miracles du Sauveur et qu’on les attribuerait à
l’adresse et à la puissance humaines. C’est ainsi que, de tout temps,