Page 227 - Patriarches et Proph

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Les plaies d’Egypte
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En entendant ces reproches, Moïse fut consterné. Les souffrances
de ses frères s’étaient de beaucoup multipliées. Jeunes et vieux, sur
toute l’étendue du pays, poussaient des cris de détresse et s’unis-
saient pour l’accuser de cette funeste aggravation de leur état. Il
alla verser devant Dieu toute l’amertume de son âme : “Seigneur,
dit-il, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ? Pourquoi donc m’as-tu
envoyé ? Depuis que je me suis présenté au Pharaon pour parler
en ton nom, il s’est mis à maltraiter ce peuple et tu n’as nullement
accordé à ton peuple la délivrance !” Il reçut cette réponse : “Tu vas
voir maintenant ce que je ferai au Pharaon : contraint par une main
puissante, il laissera partir les Israélites ; et cette main puissante le
contraindra à les renvoyer lui-même de son pays.” Et Dieu lui rap-
pela l’alliance qu’il avait conclue avec ses pères, l’assurant qu’elle
atteindrait son but.
Pendant toute la durée de la servitude, quelques Israélites étaient
restés attachés au culte de Jéhovah. C’était le cœur saignant que ces
hommes avaient vu leurs enfants, témoins chaque jour des abomina-
tions païennes, s’incliner devant les faux dieux ; et ils ne cessaient de
demander à l’Éternel de les délivrer de la servitude égyptienne. Loin
de cacher leur foi, ils avaient déclaré à leurs oppresseurs que l’objet
de leur culte était le Créateur des cieux et de la terre, le seul Dieu
vivant et vrai, et énuméré devant eux les preuves de sa puissance
depuis la création jusqu’aux jours de Jacob. Les Égyptiens pouvaient
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ainsi connaître la religion des Hébreux. Mais trop orgueilleux pour
se laisser instruire par leurs esclaves, ils tentaient de les séduire par
des promesses et des récompenses, recourant, lorsqu’ils échouaient,
aux menaces et même à la violence.
Les anciens d’Israël s’efforcèrent de soutenir la foi chancelante
de leurs frères en leur rappelant les promesses de Dieu, notamment
les paroles par lesquelles Joseph, à son lit de mort, prédisait leur
délivrance. Quelques-uns écoutaient et croyaient, mais la plupart,
aveuglés par les faits malheureux qui venaient de se produire, se
refusaient à espérer.
De leur côté, les Égyptiens, apprenant ce qui se disait chez les
Hébreux, tournaient leur attente en plaisanterie et se raillaient de la
puissance de leur Dieu. Ils les traitaient d’esclaves et leur lançaient
ce défi : “Si votre Dieu est juste et miséricordieux, s’il possède un
pouvoir supérieur à celui des dieux égyptiens, pourquoi ne vous