Le mariage d’Isaac
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son”, un homme d’une piété et d’un jugement éprouvés, qui lui avait
rendu de longs et fidèles services. Par un serment solennel, il lui fit
promettre devant Dieu de ne pas choisir pour son fils une femme
cananéenne, mais une fille de la famille de Nacor, le Mésopotamien.
Si aucune jeune fille de cette famille ne consentait à quitter sa pa-
renté, le serviteur était dégagé de son serment ; mais il ne devait en
aucun cas y conduire Isaac. Pour encourager son serviteur en vue
de cette mission à la fois délicate et difficile, le patriarche lui donna
l’assurance que Dieu la couronnerait de succès : “L’Éternel, le Dieu
des cieux, qui m’a fait sortir de la maison de mon père et du pays de
ma naissance, lui dit-il, enverra son ange devant toi
”
Sans tarder, le messager se mit en route, accompagné d’une suite
de dix chameaux affectés en partie à son usage et en partie aux
cadeaux destinés à la future épouse et à sa suite. Un long trajet les
amena d’abord à Damas, puis dans les riches plaines arrosées par
l’Euphrate, le grand fleuve de l’Orient. Arrivé à Charan, “la ville de
Nacor”, Éliézer “s’arrêta hors de la ville, près d’un puits, vers le soir,
à l’heure où les femmes sortaient pour aller puiser de l’eau”. Pour le
serviteur d’Abraham, une heure solennelle avait sonné, de laquelle
devaient découler, selon le choix qui serait fait, de graves consé-
quences non seulement pour la maison de son maître, mais pour les
générations futures. Cependant, comment s’acquitter sagement de
cette importante mission parmi des gens qui lui sont complètement
étrangers ? Se rappelant la parole d’Abraham lui promettant l’in-
tervention divine, il a recours à la prière. Accoutumé à voir chez
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le patriarche de continuels exemples de bonté et d’hospitalité, il
demande à Dieu que le choix qui va lui incomber soit déterminé par
un acte de courtoisie de la part de la jeune fille qu’il rencontrera.
La réponse à sa prière ne se fait pas attendre. Parmi les femmes
réunies autour d’un puits, l’une d’elles le frappe par ses manières
avenantes. Il s’approche d’elle et lui demande à boire de la cruche
qu’elle porte sur l’épaule. Non seulement il est accueilli avec bonté,
mais elle lui offre de puiser de l’eau pour ses chameaux, fonction
réservée, en Orient, aux filles de maisons princières elles-mêmes. Le
signe demandé par Éliézer venait de lui être accordé. Non seulement
“la jeune fille était très belle”, mais sa courtoisie empressée indiquait
* .
Voir
Genèse 24