La destruction de Sodome
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Sodome était pleine de rires et de divertissements, de banquets
et d’ivrognerie. L’exemple du monde antédiluvien détruit par la
colère de Dieu n’arrêtait pas son impiété. Sa population outrageait
ouvertement le Créateur et sa loi. Les passions les plus viles et les
plus brutales s’y donnaient libre cours.
A l’époque où Lot avait élu domicile à Sodome, la corruption
n’était pas encore universelle. Dans sa miséricorde, Dieu avait fait
pénétrer quelques rayons de lumière dans ses ténèbres morales.
Abraham n’y était pas inconnu, mais on se moquait de sa fidélité au
vrai Dieu. Plus tard, la délivrance opérée par lui en faveur des captifs
de Sodome tombés entre les mains du roi d’Élam, malgré les forces
bien supérieures de celui-ci, et la magnanimité du patriarche au
sujet des dépouilles et des prisonniers avaient suscité l’étonnement
et l’admiration. Plusieurs avaient loué son talent et sa bravoure
et étaient convaincus qu’il devait sa victoire à l’intervention d’un
pouvoir divin. Comment douter de la supériorité de sa religion devant
un geste si noble, si désintéressé et surtout si contraire à l’âpreté
sordide des Sodomites ?
En bénissant Abraham, Melchisédek avait également rendu hom-
mage à l’Eternel comme étant la source des succès du patriarche et
l’auteur de sa victoire. Il avait dit : “Béni soit Abraham par le Dieu
Très-Haut, créateur des cieux et de la terre, et béni soit le Dieu Très-
Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains
!” Par ces événements,
la voix de Dieu leur avait encore parlé. Mais ces derniers rayons de
lumière, comme les précédents, avaient été repoussés.
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Et maintenant, la dernière nuit de Sodome est venue. A l’insu de
ses habitants, les nuages de la vengeance projettent leur ombre sur la
cité coupable. Tandis que les anges s’approchent pour détruire, les
hommes ne rêvent que liesse et prospérité. Leur dernier jour s’éteint
sur une scène de sécurité et de splendeur. Les rayons mourants du
soleil baignent un paysage d’une beauté idéale. La fraîcheur du soir
fait sortir les habitants de leurs demeures et une foule désœuvrée
circule en tous sens en quête de plaisirs nouveaux.
A l’heure crépusculaire, on voit deux étrangers s’approcher de la
porte de la ville. Ce sont apparemment des voyageurs qui viennent y
passer la nuit. Dans ces humbles personnages, nul ne discerne les
* .
Genèse 14 :19, 20