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Patriarches et Prophètes
Si Dieu avait ordonné à Abraham de tuer son fils, c’était non
seulement pour éprouver sa foi, mais tout autant pour que le pa-
triarche fût frappé de la réalité de l’Évangile. Les sombres jours
d’agonie qu’il traversa alors devaient l’aider à comprendre, par son
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expérience personnelle, la grandeur du sacrifice consenti par le Dieu
infini en faveur de la rédemption de l’homme. Aucune épreuve n’au-
rait pu mettre l’âme d’Abraham à la torture comme l’ordre d’offrir
Isaac en sacrifice. Or, quand Dieu livra son Fils à l’ignominie et à la
mort, les anges qui assistèrent à l’agonie du Rédempteur n’eurent
pas le droit de s’interposer, comme ils le firent dans le cas d’Isaac.
On n’entendit aucune voix crier : “C’est assez !” Pour sauver une
race perdue, le Roi de gloire dut sacrifier sa vie. Quelle meilleure
preuve peut-on demander de l’infinie compassion et de l’amour de
Dieu ! “Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a li-
vré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes
choses avec lui
?”
Il y a plus. Le sacrifice exigé d’Abraham n’avait pas unique-
ment en vue son propre bien, ni celui des générations futures, mais
l’édification des êtres purs qui habitent le ciel et les autres mondes.
Le territoire de la lutte entre Jésus-Christ et Satan, le champ sur
lequel elle se livre pour le plan du salut est le manuel de l’univers. A
l’occasion d’un manque de foi de la part d’Abraham à l’endroit des
promesses de Dieu, Satan l’avait accusé devant les anges et devant le
Père et déclaré indigne des bienfaits de l’alliance dont il avait violé
les conditions. Aussi Dieu jugea-t-il bon d’éprouver la fidélité de
son serviteur devant l’univers, tant pour développer plus clairement
le plan du salut aux regards de ses habitants que pour leur démontrer
qu’il n’accepte rien de moins qu’une obéissance parfaite.
Les êtres célestes furent témoins de la scène émouvante où s’af-
firma la foi d’Abraham et la soumission de son fils. Cette épreuve
était infiniment plus grande que celle d’Adam. La défense faite à nos
premiers parents n’impliquait aucune souffrance, tandis que l’ordre
donné à Abraham comportait un déchirement indicible. L’obéissance
calme et ferme d’Abraham frappa tout le ciel de stupeur et d’admi-
ration ; et une joie unanime éclata en son honneur. Les accusations
de Satan s’étaient avérées mensongères. Le Seigneur prononça ces
* .
Romains 8 :32