Les richesses injustes
            
            
              Le Christ est venu sur la terre dans une période de mondanité
            
            
              intense, où l’on subordonnait les intérêts spirituels aux intérêts ma-
            
            
              tériels, les valeurs éternelles aux valeurs temporelles. On prenait en
            
            
              ce temps-là les chimères pour des réalités, et inversement. On ne
            
            
              contemplait pas le monde invisible par la foi. Satan était parvenu
            
            
              à faire croire que les affaires terrestres étaient les seules qui soient
            
            
              dignes d’attention, et les hommes étaient tombés dans ses pièges.
            
            
              Le Christ apparut pour changer cette situation. Il s’efforça de
            
            
              rompre le charme séducteur qui fascinait l’humanité. Dans ses ins-
            
            
              tructions, il veilla à établir la part du ciel et de la terre, à détourner
            
            
              les pensées de ses auditeurs du moment présent pour les attirer
            
            
              sur l’avenir. Dans leurs activités journalières, ils devaient songer à
            
            
              l’éternité.
            
            
              “Un homme riche, leur dit-il, avait un économe qui lui fut dé-
            
            
              noncé comme dissipant ses biens
            
            
            
            
              ” Le riche avait confié tout son
            
            
              avoir à son intendant ; mais celui-ci était infidèle, et le maître s’aper-
            
            
              çut qu’il le volait systématiquement. Aussi, il décida de congédier
            
            
              immédiatement son économe et il l’invita à lui rendre ses comptes :
            
            
              “Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton adminis-
            
            
              tration, car tu ne pourras plus administrer mes biens
            
            
            
            
              ”
            
            
              [322]
            
            
              Dans la perspective de son renvoi, l’intendant ne vit que trois
            
            
              issues possibles : se mettre au travail, mendier, ou mourir de faim.
            
            
              “Que ferai-je, gémit-il, puisque mon maître m’ôte l’administration
            
            
              de ses biens ? Travailler à la terre ? je ne le puis. Mendier ? j’en
            
            
              ai honte. Je sais ce que je ferai, pour qu’il y ait des gens qui me
            
            
              reçoivent dans leurs maisons quand je serai destitué de mon emploi.
            
            
              Et, faisant venir chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier :
            
            
              Combien dois-tu à mon maître ? Cent mesures d’huile, répondit-il.
            
            
              Et il lui dit : Prends ton billet, assieds-toi vite, et écris cinquante. Il
            
            
              1.
            
            
              Luc 16 :1, 2
            
            
              1.
            
            
              Luc 16 :1, 2
            
            
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