Le gain qui est une perte
            
            
              Le Christ enseignait et, comme à l’accoutumée, un groupe s’était
            
            
              formé autour de ses disciples. Le Maître venait précisément de parler
            
            
              à ceux-ci des scènes auxquelles ils devaient bientôt participer. Ils
            
            
              allaient être appelés à répandre les vérités qu’il leur avait confiées,
            
            
              et se trouveraient aux prises avec les grands de ce monde. A cause
            
            
              de lui, ils seraient traduits en justice et comparaîtraient devant des
            
            
              magistrats et des rois. Mais ils recevraient une sagesse à laquelle nul
            
            
              ne pourrait tenir tête. Ses paroles, qui touchaient le cœur des foules
            
            
              et confondaient ses rusés adversaires, témoignaient de la puissance
            
            
              de l’Esprit qui habitait en lui et qu’il avait promise à ses disciples.
            
            
              Mais beaucoup n’aspiraient aux grâces du ciel que pour un but
            
            
              égoïste. Ils reconnaissaient la merveilleuse puissance qui agissait
            
            
              par le Christ pour exposer clairement la vérité. Ils savaient qu’il avait
            
            
              promis à ses disciples la sagesse nécessaire pour comparaître devant
            
            
              les gouverneurs et les magistrats. Ne mettrait-il pas également son
            
            
              pouvoir à la disposition de leurs visées temporelles ?
            
            
              “Quelqu’un dit à Jésus, du milieu de la foule : Maître, dis à mon
            
            
              frère de partager avec moi notre héritage
            
            
            
            
              ” Par Moïse, Dieu avait
            
            
              donné des lois touchant la transmission de l’héritage. Le fils aîné
            
            
              [214]
            
            
              devait recevoir une portion double des biens paternels, tandis que
            
            
              chacun de ses frères plus jeunes avait droit à une part égale de ce
            
            
              qui restait
            
            
            
            
               Cet homme estimait que son frère l’avait lésé dans le
            
            
              partage de leurs biens. Il n’avait pas réussi à obtenir ce qu’il croyait
            
            
              être son dû. Mais, se disait-il, si le Christ consentait à intervenir, il
            
            
              aurait sans doute gain de cause. Il avait entendu les vibrants appels
            
            
              de Jésus et ses solennelles condamnations à l’égard des scribes et
            
            
              des pharisiens. S’il s’adressait à son frère avec la même autorité,
            
            
              celui-ci n’oserait sans doute plus refuser de partager.
            
            
              C’est au milieu des instructions solennelles du Christ que cet
            
            
              homme vint exhiber son égoïsme. Il voyait tout le parti qu’il pourrait
            
            
              1.
            
            
              Luc 12 :13
            
            
              2.
            
            
              Deutéronome 21 :17
            
            
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