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Premiers Ecrits
que Jean, le disciple bien-aimé, le calmât, ce qui ne le réformait
cependant pas. Mais après qu’il eut renié son Seigneur, il se repentit
et se convertit. Alors tout ce qui lui était nécessaire pour régler
son ardeur et son zèle, ce furent les doux avertissements de Jean.
Mais la cause du Christ aurait beaucoup souffert si elle avait été
laissée aux seuls soins de Jean. Le zèle de Pierre était nécessaire ;
sa hardiesse et son énergie triomphèrent souvent des difficultés et
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réduisirent au silence l’ennemi. Jean était l’amabilité même ; il gagna
de nombreuses personnes à la cause du Christ par sa patience et son
dévouement.
Dieu suscita des hommes pour élever la voix contre les péchés de
l’Eglise papale et pour faire triompher la Réforme. Satan chercha à
détruire ces fidèles témoins ; mais le Seigneur dressa une haie autour
d’eux. Quelques-uns, pour la gloire de son nom, scellèrent de leur
sang leur témoignage ; mais d’autres, comme Luther et Mélanchton,
purent mieux glorifier Dieu en vivant et en dénonçant les péchés
des prêtres, des papes et des rois. Ceux-ci tremblèrent à la voix de
Luther et de ses associés. Grâce à ces hommes, des rayons de lu-
mière commencèrent à dissiper les ténèbres, et un très grand nombre
reçurent la lumière et la suivirent. Et lorsqu’un témoin était mis à
mort, deux ou plus étaient suscités pour le remplacer.
Mais Satan n’était pas satisfait. Il n’avait de pouvoir que sur le
corps ; il lui était impossible de forcer les croyants à abandonner leur
foi et leur espérance. Même dans la mort ceux-ci triomphaient par
la brillante perspective de l’immortalité à la résurrection des justes.
Leur courage était surhumain. Pas un instant ils ne relâchaient leurs
efforts ; ils étaient constamment revêtus de l’armure du chrétien,
prêts au combat, non seulement contre leurs ennemis spirituels, mais
contre Satan incarné dans les hommes, qui leur criait constamment :
“Abandonne la foi ou meurs !” Ces quelques chrétiens étaient forts en
Dieu, plus précieux à ses yeux que la moitié d’un monde qui portait le
nom du Christ et qui était lâche pour sa cause. Alors que l’Eglise était
persécutée, ses membres, forts en Dieu, étaient unis et s’aimaient les
uns les autres. Elle n’acceptait pas les pécheurs dans son sein. Ceux-
là seulement qui abandonnaient tout pour suivre le Christ pouvaient
être ses disciples. Ils aimaient la pauvreté, l’humilité et voulaient
ressembler au Sauveur.
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