Page 229 - Premiers Ecrits (1970)

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La reforme
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sondait pour l’Eglise. Il était scandalisé par les péchés de ceux en qui
il s’était confié pour son salut. En voyant les autres enveloppés des
mêmes ténèbres qu’il avait connues lui-même, il faisait l’impossible
pour les amener à l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.
Elevant la voix contre les erreurs et les péchés de l’Eglise papale,
il s’efforça de dissiper les ténèbres où étaient plongés des milliers
d’hommes, qui comptaient sur les bonnes œuvres pour leur salut.
Il désirait ardemment pouvoir ouvrir leurs esprits aux véritables
richesses de la grâce de Dieu, et à l’excellence du salut obtenu par
Jésus-Christ. Par la puissance du Saint-Esprit, il dénonça les péchés
des chefs de l’Eglise ; et malgré l’opposition des prêtres, son courage
ne faiblit pas un seul instant. Il se reposait sur le bras puissant du
Seigneur, et il se confiait en lui pour obtenir la victoire. A mesure
que la lutte se faisait plus dure, la rage des prêtres devenait plus
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ardente. Ceux-ci n’avaient pas le moindre désir d’être réformés. Ils
préféraient les plaisirs de la dissipation et que l’Eglise reste dans les
ténèbres.
J’ai vu que Luther était un homme ardent, zélé, courageux et
plein de hardiesse pour réprouver le péché et défendre la vérité. Il
n’avait peur ni des hommes ni des démons ; il savait que Celui qui
était avec lui était plus puissant qu’eux tous. Luther courait parfois
le danger d’aller aux extrêmes. Mais Dieu suscita Mélanchton, dont
le caractère était tout à fait l’opposé du sien. Il seconda Luther dans
son œuvre de réforme. Mélanchton était timide, craintif, prudent
et doué d’une grande patience. C’était un bien-aimé de Dieu. Sa
connaissance des Ecritures était grande, son jugement et sa sagesse
excellents. Son amour pour la cause de Dieu égalait celui de Luther.
Les cœurs de ces deux hommes s’unirent intimement ; ce furent des
amis inséparables. Luther était d’un grand secours pour Mélanchton
lorsque celui-ci manquait de hardiesse et de prompte décision, et
Mélanchton faisait de même pour Luther lorsque celui-ci était en
danger de trop se hâter. La prudence prévoyante de Mélanchton évita
souvent des difficultés qui auraient surgi pour la cause si Luther avait
été tout seul. Il m’a été montré la sagesse de Dieu en choisissant ces
deux hommes pour l’œuvre de la réforme.
Je fus ramenée aux jours des apôtres, et je vis que Dieu choisit
pour compagnon à l’ardent, au zélé Pierre, le doux, le patient Jean.
Il arrivait parfois à Pierre d’être impétueux, et il fallait souvent