180
Premiers Ecrits
la bienveillance et de nobles principes. Sa patience et son support
étaient si peu humains que beaucoup tremblaient. Même Hérode et
Pilate furent grandement troublés par cette attitude noble, divine.
Dès l’abord, Pilate fut convaincu que Jésus n’était pas un homme
ordinaire. Il le crut doué d’un caractère excellent et innocent de tout
ce dont on l’accusait. Les anges qui virent la scène remarquèrent la
conviction du gouverneur romain. Afin de l’empêcher de prendre la
responsabilité de livrer Jésus pour être crucifié, un ange fut envoyé à
la femme de Pilate pour l’informer dans un songe que Jésus était le
Fils de Dieu et qu’il était innocent. Elle fit parvenir immédiatement
à Pilate un message où elle disait qu’elle avait beaucoup souffert en
songe à cause de Jésus, et l’avertissait de ne rien avoir à faire avec ce
[173]
saint homme. Le messager, fendant la foule, remit la lettre à Pilate.
Lorsqu’il la lut, il trembla, devint pâle et décida de ne rien avoir à
faire avec la mort du Christ. Si les Juifs voulaient le sang de Jésus,
il ne leur prêterait pas son concours pour cela, mais s’efforcerait de
le délivrer.
Lorsque Pilate sut qu’Hérode était à Jérusalem, il fut grande-
ment soulagé ; il espérait se libérer de toute responsabilité en ce
qui concernait le jugement et la condamnation de Jésus. Il l’envoya
immédiatement, avec ses accusateurs, à Hérode. Ce dernier était un
pécheur endurci. Le meurtre de Jean-Baptiste avait laissé dans sa
conscience une tache indélébile. Quand il entendit parler de Jésus
et des miracles qu’il accomplissait, il fut pris de panique et trem-
bla, croyant que c’était Jean-Baptiste qui était ressuscité des morts.
Lorsque Pilate le lui envoya, il considéra que c’était reconnaître son
autorité et son droit de juger. Il en résulta que les deux gouverneurs,
qui jusque-là étaient ennemis, se réconcilièrent.
Hérode se réjouit de voir Jésus. Il s’attendait à ce qu’il opère
quelque grand miracle pour lui faire plaisir. Mais l’œuvre de Jésus
ne consistait pas à satisfaire la curiosité ou à rechercher sa propre
sécurité. Son pouvoir divin, miraculeux, ne devait s’exercer que pour
le salut des autres, non en sa faveur. Jésus ne répondit rien aux
nombreuses questions d’Hérode ; il ne répondit pas non plus à ses
ennemis qui l’accusaient avec véhémence. Hérode fut irrité de ce
que Jésus n’ait pas l’air de craindre son pouvoir. Il se moqua, ainsi
que ses soldats, du Fils de Dieu. Cependant il fut étonné de constater
la noble attitude de Jésus, malgré les mauvais traitements qui lui