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Premiers Ecrits
Après que Jésus eut prié, il vint vers ses disciples ; mais ils
dormaient. A cette heure terrible il ne pouvait pas même compter
sur leur sympathie et leurs prières. Pierre, si zélé peu de temps
auparavant, dormait profondément. Lui rappelant ses déclarations,
Jésus lui dit : “Vous n’avez donc pu veiller une heure avec moi ?”
Trois fois le Fils de Dieu pria dans l’agonie. Alors Judas, avec sa
bande d’hommes armés, apparut. Il s’approcha du Maître comme
d’habitude, pour le saluer. Le groupe entoura Jésus ; mais il manifesta
sa puissance divine, en disant : “Qui cherchez-vous ?” “C’est moi.”
Ils tombèrent par terre. Jésus posa cette question afin qu’ils puissent
se rendre compte de sa puissance, et avoir la preuve qu’il pouvait se
délivrer lui-même de leurs mains, s’il le voulait.
Les disciples commencèrent à espérer quand ils virent les gens
armés d’épées et de bâtons tomber si brusquement. Tandis qu’ils se
relevaient et entouraient de nouveau le Fils de Dieu, Pierre tira son
épée, frappa un serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille. Jésus
lui dit de remettre son épée dans le fourreau. “Penses-tu, déclara-t-il,
que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant
plus de douze légions d’anges ?” Je vis que lorsque ces paroles furent
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prononcées les anges reprirent espoir. Ils étaient prêts à entourer leur
chef et à disperser cette foule excitée. Mais la tristesse revint sur
leurs traits quand Jésus ajouta : “Comment donc s’accompliraient
les Ecritures, d’après lesquelles il doit en être ainsi.” Le cœur des dis-
ciples aussi sombrait dans le désespoir, amèrement déçu, lorsqu’ils
virent Jésus se laisser emmener par ses ennemis.
Les disciples craignaient pour leur vie. Tous l’abandonnèrent et
s’enfuirent. Jésus resta seul aux mains de la foule meurtrière. Quel
triomphe fut alors celui de Satan ! Et quelle tristesse chez les anges
de Dieu ! Plusieurs légions d’anges, chacune ayant un chef puissant
à leur tête, furent envoyées pour être témoins de la scène. Les anges
devaient enregistrer chaque insulte et chaque cruauté infligées au
Fils de Dieu, comme toutes les angoisses par lesquelles Jésus devait
passer ; car les hommes qui furent les acteurs de cette scène terrible
devront la voir se reproduire un jour en vivants caractères.
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