Page 166 - Premiers Ecrits (1970)

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Premiers Ecrits
L’ange me dit : “Pensez-vous que le Père ait consenti à donner
son Fils bien-aimé sans luttes ? Non, non, ce n’est pas sans luttes
que Dieu dut décider : ou de laisser périr l’humanité coupable ou de
livrer à la mort pour elle son Fils bien-airné.” Si grand était l’intérêt
des anges pour le salut de l’humanité qu’il s’en serait trouvé parmi
eux qui étaient disposés à renoncer à leur gloire et à sacrifier leur
vie pour l’homme perdu. “Mais, me dit l’ange qui m’accompagnait,
cela n’eût servi de rien. La transgression était si grande que la vie
d’un ange ne pouvait payer la dette. Il n’y avait que la mort et
l’intercession du Fils de Dieu qui puissent payer cette dette et sauver
l’homme perdu de la douleur et du malheur sans espoir.”
L’œuvre assignée aux anges devait être d’apporter du baume
céleste pour adoucir les souffrances du Fils de Dieu et de le servir.
Ils auraient aussi à préserver les sujets de la grâce de l’influence
des mauvais anges, et à dissiper les ténèbres dont Satan s’efforcerait
constamment de les envelopper. J’ai vu qu’il serait impossible à Dieu
d’altérer ou modifier sa loi pour sauver l’homme perdu. C’est pour-
quoi il a permis que son Fils bien-aimé meure pour la transgression
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humaine.
Satan osa de nouveau se réjouir avec ses anges en pensant que,
grâce à la chute de l’homme, il contraindrait le Fils de Dieu à aban-
donner sa position glorieuse. Il assura à ses anges qu’il réussirait
à faire succomber Jésus lorsque celui-ci aurait revêtu la nature hu-
maine, et qu’ainsi il empêcherait que le plan du salut s’accomplisse.
Il me fut montré que Satan était une fois un ange heureux, élevé.
Puis je le vis comme il est maintenant. Il conserve une allure royale ;
ses traits sont encore nobles, car c’est un ange tombé. Mais l’ex-
pression de son visage est chargée d’anxiété, de soucis, de tristesse,
de malice, de haine, de déceptions, de tous les maux. Je remarquai
particulièrement son front, autrefois si noble. Il était devenu fuyant.
Sa longue habitude du mal dégradait toutes ses qualités, et chaque
mauvais trait était développé. Ses yeux étaient pleins de ruse, de
malice, et montraient une grande pénétration. Son corps était de
grande taille, mais ses muscles se relâchaient aux mains, au visage.
Quand je le vis, il avait le menton appuyé sur la main gauche. Il
paraissait livré à de profondes réflexions. On remarquait sur son
visage un sourire si plein de malice et de ruse sataniques qu’il me
fit trembler. C’est le sourire qu’il arbore juste au moment où il va