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Premiers Ecrits
cette phrase ? Et pourquoi Jean, trente ans plus tard, écrivit-il l’Apo-
calypse ? Ce livre contient un autre texte qu’on cite pour prouver
l’abolition des dons spirituels.
“Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie
de ce livre : Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera
des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu’un retranche quelque
chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa
part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre.”
Apocalypse 22 :18, 19
.
En s’appuyant sur ce texte on prétend que Dieu qui, “à plusieurs
reprises et de plusieurs manières”, a “parlé à nos pères par les pro-
phètes”, et, au commencement de l’ère évangélique, par Jésus et
les apôtres, a solennellement promis de ne plus jamais communi-
quer quelque chose à l’homme de cette manière. Donc, après cette
date, toute prophétie serait fausse. Ce verset de l’Apocalypse, dit-on,
met fin au canon de l’inspiration. S’il en était ainsi, on se demande
alors pourquoi, après son retour de Patmos à Ephèse, Jean écrivit
son évangile. Car il ajoutait ainsi quelque chose aux paroles de la
prophétie écrite sur l’île de Patmos.
De toute évidence ce texte, qui défend d’ajouter ou de retrancher
quelque chose, ne se rapporte pas à tous les livres de la Bible, mais
seulement à l’Apocalypse, telle que l’écrivit l’apôtre. Toutefois, nul
n’a le droit d’ajouter quoi que ce soit à aucun livre écrit sous l’ins-
piration divine, ou d’en retrancher quelque chose. Jean, en écrivant
l’Apocalypse, ajouta-t-il quelque chose aux prophéties du livre de
Daniel ? Pas le moins du monde. Un prophète ne saurait altérer la
Parole de Dieu. Mais les visions de Jean corroborent celles de Da-
niel, et jettent une lumière additionnelle sur les sujets traités dans
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ce livre. J’en conclus donc que le Seigneur ne s’est pas imposé à
lui-même de garder le silence, mais qu’il a conservé la liberté de
parler quand bon lui semble. Que le langage de mon cœur soit donc
toujours celui-ci : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.”
Ainsi, on ne saurait prouver par l’Ecriture l’abolition des dons
spirituels. Et puisque les portes de l’
enfer
n’ont pas prévalu contre
l’Eglise, et que Dieu a encore un peuple sur la terre, nous pouvons
nous attendre au développement des dons, en rapport avec le message
du troisième ange, un message qui ramènera l’Eglise sur le terrain
apostolique, et apportera au monde la lumière, non les ténèbres.