Les songes de Madame White
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de la colonne pour me trouver devant l’Agneau, lorsqu’une trom-
pette sonna. Le temple fut ébranlé, l’assemblée des saints poussa un
cri de triomphe, pendant qu’une lumière éclatante éclairait l’édifice.
Puis tout retomba dans d’épaisses ténèbres. Les heureux chanteurs
avaient disparu avec la lumière. J’étais seule dans l’horreur silen-
cieuse de la nuit.
Je m’éveillai en proie à la plus horrible angoisse. Ce n’est qu’à
grand peine que je réussis à me convaincre que ce que j’avais vu
n’était qu’un rêve. Il me semblait que mon sort était fixé, que l’Esprit
du Seigneur m’avait quittée à tout jamais. Mon désespoir augmenta,
si cela était possible.
Peu après, j’eus un autre rêve. Je me voyais assise, la Tête entre
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les mains, en proie au plus profond désespoir, et faisant ces ré-
flexions : “Si Jésus était ici-bas, j’irais à lui, je me jetterais à ses
pieds, et je lui dirais toute ma douleur. Il ne se détournerait pas de
moi, il me ferait miséricorde ; je l’aimerais et le servirais toujours.”
A ce moment précis, la porte s’ouvrit, une personne d’une grande
beauté entra. Elle me regarda avec un air de pitié, et me dit : “Veux-
tu voir Jésus ? Il est ici, tu peux le voir si tu veux. Prends tout ce que
tu possèdes et suis-moi.”
Ces paroles me remplirent d’une joie indicible, et, très contente,
je ramassai le peu que j’avais, et je suivis mon guide. Il me fit
monter des escaliers escarpés et apparemment peu solides. Lorsque
je commençai mon ascension, il m’avertit d’avoir à tenir les yeux
fixés en haut de peur d’être prise de vertige et de tomber. C’est ce
qui était arrivé à beaucoup de ceux qui m’avaient précédée avant
d’être au haut de l’escalier.
Après avoir gravi la dernière marche, nous nous trouvâmes de-
vant une porte. Ici, mon guide m’invita à me débarrasser de tout
ce que j’avais pris avec moi, ce que je fis avec joie. Puis il ouvrit
la porte et m’invita à entrer. Je fus bientôt en présence de Jésus.
Impossible de se tromper. Cette expression de bienveillante majesté
ne pouvait être que la sienne. Dès que son regard se posa sur moi, je
sentis qu’il connaissait toutes les circonstances de ma vie, ainsi que
mes pensées et mes sentiments les plus secrets.
Incapable de supporter ses regards scrutateurs, je tentai de m’y
soustraire, mais s’approchant de moi, il posa la main sur ma tête, et
me dit en souriant : “Ne crains point.” Les accents de cette douce