Page 397 - Levez vos yeux en haut (1982)

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Economes de la grâce de Dieu, 31 décembre
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Il me montra l’abîme où va toute poussière,
Si profond que jamais un écho n’y répond ;
Et me dit : — Si tu veux, je bâtirai le pont. —
Vers ce pâle inconnu je levai ma paupière.
— Quel est ton nom? lui dis-je. Il me dit : La prière.
Victor Hugo
[379]
Toujours plus haut !
Toujours plus haut ! Monter vers la divine Sphère
Où tout est Vérité, Justice, pur Amour !
Un instant dégagé des vains bruits de la terre
Je voudrais approcher du merveilleux séjour.
Oh ! jouir de la Paix, idéale, profonde,
Une réelle Paix, sans ombre, sans frayeur.
Rien de mal ne venant plus troubler notre monde,
Seul subsiste le Bien, glorieux et vainqueur !
Plus haut toujours ! non pas selon les voies humaines
L’esprit peut s’élever et monter jusqu’à Dieu !
Une foi confiante, affermie et sereine
Sait ... attendant du Christ le retour glorieux !
Haut les cœurs ! mais déjà le voile se soulève...
Au firmament des signes ont paru ... Veillons !
Unique espoir ! Le Roi de Justice se lève...
Tout l’univers attend ... veillons et prions.
Marie Béraud
[380]
Les mains de Jésus
Mains qui rompez le pain, qui, les jours d’autrefois Rabotiez le bois,
O Mains qui vous tendez vers mille mains humaines Pour délier les chaînes,
Mains qui vous imposez sur le front des souffrants Des sourds et des mourants,
Qui bénissez les tout-petits, qui, de la joie, Montrez la juste voie,
O Mains qui vous joignez dans la priante ardeur De votre élan sauveur
Vous lavez aujourd’hui de douze créatures Misérables, impures,
Les pieds ; vous désignez celui qui trahira, Dément qui se pendra ;
Et maintenant vous ne pouvez plus rien ; percées Par des clous, mains blessées,
Une croix vous retient dans votre passion Et votre inaction,
Tandis que d’autres mains assassines, voleuses, Montrent le poing, haineuses.
Pourtant, Mains de Jésus agonisant debout, Bientôt, vous pourrez tout.
A.-M. Goulinat
[381]
Les montagnes éternelles
A toute heure, les hauts sommets
Changent d’aspect sous les nuages,
On voit s’y former des images
Qu’un souffle emporte pour jamais.
Des palais magiques et frêles
L’entassement prestigieux
S’écroule — mais, sous les grands cieux,
Les montagnes sont éternelles !
Ainsi le monde, incessamment,
Jouet de vaines apparences,
Voit s’envoler ses espérances,
Ses fausses gloires d’un moment.
Elles emportent avec elles
Le cœur des hommes insensés...
O nuages, si vous passez
Les montagnes sont éternelles !
Ces montagnes, qu’à deux genoux
La foi gravit jusqu’à leurs cimes,
Qui restent, fermes et sublimes,
Lorsque tout change autour de nous,
Ce sont tes promesses fidèles,
Dieu de grâce et de vérité !
Si tout le reste est emporté,
Tes paroles sont éternelles !
Ruben Saillens
[382]