Aimez-vous les uns les autres
            
            
              “Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés.”
            
            
              Quand les hommes s’efforcent de mériter le salut par leurs
            
            
              propres œuvres, ils sont inévitablement amenés à imaginer des pré-
            
            
              ceptes qu’ils dressent comme des barrières contre le péché. Dans
            
            
              leur impuissance à observer la loi, ils imaginent des codes et des
            
            
              règlements impératifs dans l’espoir d’y parvenir. Mais tous ces ef-
            
            
              forts ont pour effet de détourner l’homme de son Créateur pour le
            
            
              ramener à lui-même. L’amour de Dieu s’éteint dans son cœur en
            
            
              même temps que l’amour du prochain. Les codes humains, avec leurs
            
            
              innombrables prescriptions, amènent leurs partisans à condamner
            
            
              tous ceux qui ne s’y conforment pas exactement. Cette atmosphère
            
            
              d’égoïsme et de critique mesquine étouffe tout sentiment noble et
            
            
              généreux et transforme les hommes en juges prétentieux et en es-
            
            
              pions.
            
            
              Tels étaient les pharisiens. Ils sortaient de leurs services reli-
            
            
              gieux, non pas humiliés par le sentiment de leur propre faiblesse, ni
            
            
              reconnaissants envers Dieu pour les grands privilèges qu’ils avaient
            
            
              reçus de lui, mais enflés d’un orgueil spirituel qui leur faisait dire :
            
            
              moi, mes sentiments, mes connaissances, mes habitudes. Jugeant
            
            
              les autres d’après leurs conceptions personnelles, drapés dans leur
            
            
              propre dignité et s’érigeant en juges, ils se condamnaient mutuelle-
            
            
              ment du haut de leur tribunal.
            
            
              Le même esprit était largement répandu parmi les gens du peuple,
            
            
              où, violant le domaine de la conscience, on se permettait de juger
            
            
              [102]
            
            
              ses semblables dans des domaines qui ne concernaient que l’âme
            
            
              et Dieu. C’est en pensant à cet esprit et à ces pratiques que Jésus
            
            
              recommanda : “Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés”,
            
            
              c’est-à-dire : Ne vous donnez pas en exemple. Ne faites pas de
            
            
              vos opinions, de vos idées personnelles sur le devoir ou de votre
            
            
              interprétation des saintes Écritures un critère pour juger les autres.
            
            
              Ne condamnez pas ceux qui ne suivent pas à votre idéal. Ne critiquez
            
            
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