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Conquérants Pacifiques
revenu à la santé, ajoutait du poids au témoignage de l’apôtre. Prêtres
et magistrats demeuraient silencieux. Ils étaient incapables de réfuter
son exposé, mais n’en étaient pas moins déterminés à mettre fin à
l’enseignement des disciples.
Le plus grand miracle du Christ — la résurrection de Lazare —
avait scellé la détermination des prêtres de débarrasser le monde
de Jésus et de ses œuvres miraculeuses qui détruisaient rapidement
leur influence sur le peuple. Ils l’avaient crucifié ; mais voici que se
présentait une preuve convaincante qu’ils n’avaient pas mis un terme
aux miracles opérés en son nom, ni à la proclamation de la vérité
qu’il enseignait. Déjà, la guérison du paralytique et la prédication
des apôtres avaient rempli Jérusalem d’effervescence. Pour cacher
leur perplexité et délibérer entre eux, les prêtres et les magistrats
ordonnèrent que l’on fît sortir les apôtres. Ils s’accordèrent à dire
qu’il serait inutile de nier la guérison miraculeuse de cet homme.
Ils auraient volontiers dissimulé le miracle par des mensonges, mais
c’était impossible ; il s’était produit au grand jour, devant une multi-
tude de gens, et il était déjà connu de milliers de personnes. Ils se
rendaient compte que l’œuvre des apôtres devait être arrêtée, sinon
Jésus gagnerait de nombreux adeptes. Leur propre disgrâce suivrait,
car ils seraient reconnus coupables de la mort du Fils de Dieu.
Mais malgré leur désir de faire périr les disciples, les prêtres
n’osèrent s’y déterminer. Ils les menacèrent des plus cruels traite-
ments, s’ils s’obstinaient à faire quoi que ce soit pour Jésus. Les
ayant rappelés devant le sanhédrin, ils leur défendirent de parler et
d’enseigner en son nom. Mais Pierre et Jean répondirent : “Jugez s’il
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est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu ; car nous ne
pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu.” Les
prêtres les auraient volontiers punis pour leur fidélité inébranlable à
leur sainte vocation, mais ils craignaient le peuple “parce que tous
glorifiaient Dieu de ce qui était arrivé”. Ainsi, après des menaces et
de vaines injonctions répétées, les apôtres furent-ils relâchés.
Tandis que Pierre et Jean étaient prisonniers, les autres disciples,
connaissant la malignité des Juifs, priaient sans cesse pour leurs
frères, redoutant que les sévices exercés contre le Christ ne se re-
nouvelassent à leur égard. Aussitôt remis en liberté, les apôtres leur
firent part du résultat de leur jugement. Grande fut alors la joie de
ces croyants. “Ils élevèrent à Dieu la voix tous ensemble, et dirent :