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“Tu me persuades presque !”
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sistance, ne pouvait mettre en doute sa sincérité. Mais alors que
Paul s’abandonnait à la fougue de sa persuasive éloquence, Festus
l’interrompit, et s’écria : “Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait
déraisonner !”
“Je ne suis point fou, très excellent Festus, répliqua Paul ; ce sont,
au contraire, des paroles de vérité et de bon sens que je prononce.
Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement ; car
je suis persuadé qu’il n’en ignore aucune, puisque ce n’est pas en
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cachette qu’elles se sont passées.” Alors, se tournant vers Agrippa, il
s’adressa directement à lui en ces termes : “Crois-tu aux prophètes,
roi Agrippa ?... Je sais que tu y crois.”
Agrippa, profondément ému, oublia pendant un instant son en-
tourage et la dignité de son rang. Conscient seulement des vérités
qu’il entendait, il ne voyait devant lui que l’humble prisonnier, l’am-
bassadeur de Dieu, et il dit involontairement : “Tu vas bientôt me
persuader de devenir chrétien !”
Sur quoi, Paul répondit avec empressement : “Que ce soit bientôt
ou que ce soit tard, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore
tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je
suis.” Et il ajouta, en montrant ses mains enchaînées : “A l’exception
de ces liens !”
Festus, Agrippa et Bérénice auraient mérité de porter les liens
de l’apôtre, car ils étaient coupables de crimes graves. Ils avaient
entendu ce jour-là l’appel du salut par le nom du Christ ; or, l’un
d’entre eux du moins avait été presque persuadé d’accepter la grâce
et le pardon qui lui étaient offerts ; mais il avait repoussé cette grâce,
refusé d’accepter la croix du Rédempteur.
La curiosité du roi était satisfaite ; il se leva de son trône et
déclara que l’audience était close. Et tandis que les auditeurs se
dispersaient, ils se disaient les uns aux autres : “Cet homme n’a rien
fait qui mérite la mort ou la prison.”
Bien que Juif, Agrippa ne partageait pas le zèle fanatique et
les préjugés aveugles des pharisiens. “Cet homme, dit-il à Festus,
pouvait être relâché, s’il n’en eût pas appelé à César.” Mais Paul
avait fait appel à un tribunal suprême, et son cas ne relevait plus ni
de la juridiction de Festus, ni de celle d’Agrippa.
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