“Tu me persuades presque !”
313
Or, Paul toujours enchaîné apparut devant l’assemblée. Quel
contraste nous offre ce tableau ! Agrippa et Bérénice possédaient la
puissance et la grandeur, ce qui leur valait tous les honneurs. Mais
ils étaient dépourvus des qualités morales que, seules, Dieu apprécie.
Ils transgressaient sa loi par leur dépravation de cœur et de mœurs ;
leur manière d’agir était en abomination aux yeux de Dieu.
Le prisonnier, vieilli, enchaîné à son gardien, n’avait rien qui
pût susciter les honneurs du monde. Cependant, pour cet homme,
apparemment sans amis, sans fortune, sans titres, prisonnier à cause
de sa foi au Fils de Dieu, tout le ciel était en alerte. Les anges se
faisaient ses gardiens. Et si l’un de ces brillants messagers était
apparu dans toute sa gloire, la pompe et la majesté royales auraient
paru bien ternes. Roi et courtisans auraient été terrassés, comme les
soldats romains au sépulcre du Christ.
Festus présenta lui-même Paul à l’assemblée, en disant : “Roi
Agrippa, et vous tous qui êtes présents avec nous, vous voyez cet
homme au sujet duquel toute la multitude des Juifs s’est adressée à
moi, soit à Jérusalem, soit ici, en s’écriant qu’il ne devait plus vivre.
Pour moi, ayant reconnu qu’il n’a rien fait qui mérite la mort, et
lui-même en ayant appelé à l’empereur, j’ai résolu de le faire partir.
[385]
Je n’ai rien de certain à écrire à l’empereur sur son compte ; c’est
pourquoi je l’ai fait paraître devant vous, et surtout devant toi, roi
Agrippa, afin de savoir qu’écrire, après qu’il aura été examiné. Car
il me semble absurde d’envoyer un prisonnier sans indiquer de quoi
on l’accuse.”
Le roi Agrippa invita alors Paul à parler. L’apôtre ne fut déconte-
nancé ni par l’éblouissant spectacle, ni par la pompe de l’assemblée,
car il savait que les biens de ce monde et les situations les plus en
vue ont très peu de valeur. La magnificence et la puissance terrestres
ne réussirent pas à lui faire perdre un seul instant son courage et son
assurance. “Je m’estime heureux, roi Agrippa, déclara-t-il, d’avoir
aujourd’hui à me justifier devant toi de toutes les choses dont je suis
accusé par les Juifs, car tu connais parfaitement leurs coutumes et
leurs discussions. Je te prie donc de m’écouter avec patience.”
Paul raconta comment il s’était converti, lui qui combattait si
résolument la foi en Jésus de Nazareth, Rédempteur du monde. Il fit
le récit de la vision céleste qui l’avait d’abord rempli d’une indicible
crainte, mais qui, par la suite, avait été sa plus grande source de