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Paul prisonnier
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le message évangélique aux Gentils et visité ainsi plusieurs grandes
villes du monde. Il était donc connu par des milliers de pèlerins.
Certains d’entre eux nourrissaient une haine implacable à son égard ;
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c’est pourquoi il risquait sa vie en pénétrant dans le temple à l’oc-
casion de ces fêtes. Il put circuler pendant plusieurs jours parmi les
adorateurs de Jéhovah, sans être apparemment remarqué ; mais avant
la fin du vœu, tandis qu’il parlait à un prêtre au sujet des sacrifices à
offrir, il fut reconnu par des Juifs d’Asie Mineure.
Avec une fureur démoniaque, ceux-ci se précipitèrent sur lui en
criant : “Hommes Israélites, au secours ! Voici l’homme qui prêche
partout et à tout le monde contre le peuple, contre la loi et contre
ce lieu.” Et tandis que la foule accourait à cet appel, une deuxième
accusation était ajoutée : “Il a même introduit des Grecs dans le
temple, et a profané ce saint lieu.” D’après la loi hébraïque, c’était
un crime passible de mort pour un païen que de pénétrer dans le
parvis intérieur de l’édifice sacré.
Paul avait été vu dans les rues de Jérusalem avec Trophime
d’Ephèse, et on avait supposé qu’il avait introduit ce païen dans le
temple. Or, il ne l’avait pas fait. Mais étant de nationalité juive, il
pouvait y pénétrer lui-même sans violer la loi.
Cependant, bien que l’accusation portée contre Paul fût entière-
ment fausse, elle servit à réveiller les préjugés des Juifs. Et tandis
que le cri d’alerte résonnait et parvenait jusqu’aux parvis du temple,
la foule qui s’y était assemblée était portée au comble de la surex-
citation. Le bruit de cet événement se répandit à travers Jérusalem,
“toute la ville fut émue, et le peuple accourut de toutes parts”. Qu’un
apostat d’Israël se soit permis de profaner le temple, au moment
même où des milliers de pèlerins étaient venus de toutes les par-
ties du monde pour y adorer, suffisait pour exalter les passions les
plus farouches de la foule. “Ils se saisirent de Paul, et le traînèrent
hors du temple, dont les portes furent aussitôt fermées. Comme ils
cherchaient à le tuer, le bruit vint au tribun de la cohorte que tout
Jérusalem était en confusion.”
Claudius Lysias connaissait bien les éléments turbulents aux-
quels il avait affaire, et “à l’instant, il prit des soldats et des centeniers,
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et courut à eux. Voyant le tribun et les soldats, ils cessèrent de frapper
Paul”. Ce tribun ignorait la cause de l’émeute, mais voyant que la
fureur de la foule se portait vers Paul, il crut qu’il s’agissait d’un