Vers un idéal plus élevé
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fourni, et il n’était pas rare de voir parfois un coureur s’abattre sur
la piste, la bouche et le nez en sang. Quelquefois même l’un de ces
compétiteurs était frappé de mort au moment où il allait remporter le
prix. Mais la gloire réservée au vainqueur était si grande, qu’aucun
des coureurs n’envisageait l’éventualité d’une maladie incurable ni
même celle de la mort.
Quand le coureur atteignait le but, les applaudissements de la
foule éclataient de toutes parts et se répercutaient d’écho en écho
dans les collines et les montagnes environnantes. L’arbitre présentait
alors au vainqueur, devant tous les spectateurs, les trophées de la
victoire : une couronne de laurier et une palme qu’il portait à la
main droite. On célébrait ses louanges dans tout le pays ; ses parents
participaient à sa gloire, et la ville même où il habitait devenait
célèbre pour avoir donné naissance à un si illustre champion.
Prenant ces jeux comme figure de la vie chrétienne, Paul insiste
sur la nécessité d’une préparation : discipline, régime, tempérance,
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en vue de remporter le prix. “Tous ceux qui combattent s’imposent
toute espèce d’abstinences”, dit-il. Les coureurs doivent s’abstenir
de tout ce qui peut affaiblir leurs facultés physiques et, grâce à une
discipline sévère et constante, exercer leurs muscles de façon à les
fortifier. Le jour de la course, ils donneront alors le maximum de
leur énergie. Combien il est plus important pour le chrétien, dont les
intérêts éternels sont en jeu, d’assujettir ses passions et ses appétits en
vue de faire la volonté de Dieu ! Qu’il ne se laisse jamais détourner
par les plaisirs, la luxure, la satisfaction de ses désirs. Toutes ses
habitudes seront sous le contrôle de la discipline la plus stricte. Que
la raison éclairée par les enseignements de la Parole de Dieu, et
guidée par le Saint-Esprit, tienne les rênes de ce contrôle. Ainsi
armé, le chrétien fera l’impossible pour remporter la victoire. Aux
jeux de Corinthe, les derniers pas des coureurs exigeaient des efforts
douloureux pour conserver la vitesse acquise. De même, le chrétien
qui approche du but doit se hâter avec plus d’ardeur et de résolution
qu’au début de sa course.
Paul montre le contraste qui existe entre la couronne éphémère
de laurier remportée par le vainqueur et la couronne de gloire im-
mortelle offerte à celui qui court triomphalement dans la carrière
chrétienne : “Tous ceux qui combattent, déclare-t-il, le font pour ob-
tenir une couronne corruptible.” Les coureurs grecs ne s’épargnaient