Bérée et Athènes
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Là, loin des bruits et de l’agitation des rues encombrées, loin du
tumulte des discussions tapageuses, l’apôtre pouvait parler sans être
interrompu. Autour de lui se rassemblèrent des poètes, des artistes
et des philosophes — les sages et les savants d’Athènes — qui
lui posèrent cette question : “Pourrions-nous savoir quelle est cette
nouvelle doctrine que tu enseignes ? Car tu nous fais entendre des
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choses étranges. Nous voudrions savoir ce que cela peut être.”
A cette heure de responsabilité solennelle, l’apôtre était calme
et en pleine possession de lui-même. Son cœur portait un message
lourd d’importance, et les mots qui s’échappaient de ses lèvres prou-
vaient à ses auditeurs qu’il n’était pas un discoureur oisif. “Hommes
Athéniens, leur dit-il, je vous trouve à tous égards extrêmement reli-
gieux. Car, en parcourant votre ville et en considérant les objets de
votre dévotion, j’ai même découvert un autel avec cette inscription :
Au dieu inconnu ! Ce que vous révérez sans le connaître, c’est ce
que je vous annonce.” En dépit de leur grande intelligence et de
leur culture étendue, les Athéniens ignoraient l’existence de Dieu, le
Créateur de l’univers. Pourtant, quelques-uns d’entre eux aspiraient
à une lumière plus complète. Ils cherchaient ardemment à connaître
l’Infini.
Les mains tendues vers le temple rempli d’idoles, Paul se libéra
du fardeau qui alourdissait son cœur, et il exposa aux Athéniens les
erreurs de leur religion. Les auditeurs les plus savants étaient surpris
par son argumentation. Il leur montra que leurs œuvres d’art, leur
littérature, leur religion lui étaient familières. Et, parlant de leurs
statues et de leurs idoles, il affirma que Dieu ne saurait revêtir les
formes imaginées par les hommes, que leurs figures sculptées ne
pouvaient — en aucune manière — représenter la gloire de l’Eternel.
Il leur rappela que ces idoles étaient dépourvues de vie, qu’elles
étaient sous la dépendance du pouvoir humain, et ne se mouvaient
que par son intervention. C’est pourquoi ceux qui les adoraient leur
étaient en tous points supérieurs.
Paul éleva l’esprit de ses auditeurs idolâtres au-dessus de leur
fausse religion, et il les amena à une vraie vision de la Divinité, à
celui qu’ils avaient baptisé le “dieu inconnu”. Cet Etre suprême, leur
déclara-t-il, ne dépend pas de l’homme, et n’a nul besoin de lui pour
rehausser son pouvoir et sa gloire.
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