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Prophètes et Rois
sur le bois. “Remplissez d’eau quatre cruches, et versez-les sur
l’holocauste et sur le bois. Il dit : Faites-le une seconde fois. Et ils
le firent une seconde fois. Il dit : Faites-le une troisième fois. Et ils
le firent une troisième fois. L’eau coula autour de l’autel, et l’on
remplit aussi d’eau le fossé.”
Elie rappelle alors aux Israélites que leur apostasie persistante
a provoqué la colère de l’Eternel ; il leur demande d’humilier leurs
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cœurs et de revenir au Dieu de leurs pères, afin d’ôter la malédiction
qui pèse sur le pays. Puis, s’inclinant avec révérence devant le Dieu
invisible, il lève les mains vers le ciel, et formule une simple prière.
Les prophètes de Baal avaient hurlé, écumé de rage et sauté de
l’aube à une heure avancée de l’après-midi. Elie, lui, ne fait entendre
aucun son discordant tandis qu’il est en prière. Il intercède auprès
de Dieu comme s’il savait qu’il assiste à cette scène et entend son
appel. Les prophètes de Baal avaient prié d’une manière farouche,
incohérente. Elie prie simplement, avec ferveur ; il demande à Dieu
de faire éclater sa supériorité sur Baal, afin qu’Israël puisse revenir
à lui.
“Eternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël ! implore le pro-
phète, que l’on sache aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, que je
suis ton serviteur, et que j’ai fait toutes ces choses par ta parole !
Réponds-moi, Eternel, réponds-moi, afin que ce peuple reconnaisse
que c’est toi, Eternel, qui es Dieu, et que c’est toi qui ramènes leur
cœur !”
Un silence solennel plane alors sur tous. Les prophètes de Baal
tremblent d’épouvante. Conscients de leur culpabilité, ils s’attendent
à un châtiment rapide.
A peine la prière d’Elie est-elle achevée que des flammes de
feu semblables à des éclairs fulgurants descendant du ciel sur l’au-
tel consument l’holocauste, absorbent l’eau du fossé et dévorent
jusqu’aux pierres de l’autel. L’éclat de la flamme illumine le mont
Carmel et éblouit les yeux de la foule. Dans les vallées, en contre-bas,
les curieux qui suivent avec un scepticisme impatient les mouve-
ments des prophètes voient très nettement le feu descendre sur l’autel
et en restent interdits. Cela leur rappelle la colonne de feu qui, dans
la mer Rouge, séparait les enfants d’Israël des armées égyptiennes.
Sur le Carmel, le peuple se prosterne avec crainte devant le Dieu
invisible. Il n’ose pas continuer à regarder le feu venu du ciel. Il