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Prophètes et Rois
le les premiers, car vous êtes les plus nombreux, et invoquez le nom
de votre dieu ; mais ne mettez pas le feu.”
L’air cynique et arrogant, les faux prophètes dont le cœur souillé
déborde d’effroi préparent leur autel, et placent leur victime sur le
bois. Puis ils s’adonnent à leurs incantations. Leurs cris perçants
retentissent à travers les forêts et les collines environnantes, tandis
qu’ils invoquent le nom de leur dieu, et s’écrient : “Baal, réponds-
nous !” Ils s’assemblent autour de leur autel, se mettent à sauter, à
gesticuler, à hurler ; ils s’arrachent les cheveux, se font des incisions,
et implorent leur dieu de leur venir en aide.
La matinée s’écoule, l’heure de midi arrive, et aucun signe
évident ne se produit montrant que Baal entend les cris de ses pro-
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phètes abusés. Nulle voix ne se fait entendre en réponse à leurs
prières frénétiques. Le sacrifice n’est pas consumé.
Et tandis qu’ils se livrent à leurs dévotions extravagantes, les
plus astucieux essaient d’imaginer un stratagème pour allumer le feu
sur l’autel, afin de faire croire au peuple que ce feu vient directement
de Baal. Mais Elie épie chacun de leurs gestes ; et les prêtres, espé-
rant contre toute espérance, continuent à se livrer à leurs pratiques
insensées.
“A midi, Elie se moqua d’eux, et dit : Criez à haute voix, puisqu’il
est dieu ; il pense à quelque chose, ou il est occupé, ou il est en
voyage ; peut-être qu’il dort, et il se réveillera. Et ils crièrent à haute
voix, et ils se firent, selon leur coutume, des incisions avec des
épées et avec des lances, jusqu’à ce que le sang coulât sur eux.
Lorsque midi fut passé, ils prophétisèrent jusqu’au moment de la
présentation de l’offrande. Mais il n’y eut ni voix, ni réponse, ni
signe d’attention.”
Avec quelle joie Satan ne serait-il pas venu au secours de ceux
qu’il trompait et qui se consacraient à son service ! Avec quelle joie
n’aurait-il pas fait jaillir l’éclair qui aurait consumé le sacrifice ! Mais
Dieu a prescrit des limites à l’ennemi de nos âmes ; il a restreint son
pouvoir, et tous ses desseins ne sauraient communiquer une seule
étincelle sur l’autel de Baal.
La voix éraillée pour avoir trop crié, les habits souillés du sang
des blessures qu’ils s’étaient infligées, les prophètes entrent alors
dans un violent désespoir. Avec une frénésie accrue, ils entremêlent
maintenant leurs prières aux terribles imprécations qu’ils adressent