86
Patriarches et Prophètes
mais c’est à condition que nos conclusions ne contredisent pas ce
qu’elle affirme. Ceux qui abandonnent l’Écriture pour discourir sur
l’œuvre de la création au nom de la science errent, sans carte ni
boussole, sur une mer inconnue. Dans leurs tentatives pour concilier
la Parole de Dieu avec la science, les hommes qui ne se laissent
pas guider par la Bible, fussent-ils des génies, deviennent le jouet
de leurs fantaisies. Le Créateur et son œuvre dépassent tellement
leur compréhension que, devant leur incapacité de les expliquer par
les lois naturelles, ils rejettent le récit biblique comme inacceptable.
Ceux qui doutent de la véracité de l’Ancien et du Nouveau Testament
et qui, au nom des lois naturelles, considèrent comme légendaires
les parties historiques de la Bible, font généralement un pas de plus :
ils en viennent à douter de l’existence de Dieu, et, privés d’ancre et
de boussole, ils vont se briser sur les récifs de l’incrédulité.
La simplicité de la foi leur a manqué, faute d’avoir eu une ferme
confiance dans la divine autorité de la Parole de Dieu. Celle-ci ne
peut être jugée par de prétendues notions scientifiques. Les connais-
sances humaines sont toujours sujettes à caution. C’est par esprit
de contradiction et par ignorance soit de la science, soit de la Bible,
que les sceptiques prétendent les trouver en conflit. Bien comprises
toutes deux, elles sont parfaitement d’accord. Moïse a écrit sous la
direction de l’Esprit divin. Une connaissance exacte de la géologie
ne se réclame jamais de découvertes qui ne puissent se concilier
avec ses déclarations. Toute vérité, soit naturelle, soit révélée, est
d’accord avec elle-même dans toutes ses manifestations.
[91]
La Parole de Dieu soulève des problèmes que les plus grands
savants ne pourront jamais résoudre. Ces problèmes sont mentionnés
par elle pour nous faire sentir combien il y a de choses, même parmi
les plus ordinaires de la vie, que l’homme borné, en dépit de toute
sa prétendue sagesse, ne pourra jamais connaître à fond. Et pourtant,
bien des savants croient que Dieu est emprisonné par ses propres lois
et prétendent tout expliquer, jusqu’à l’opération de son Esprit sur le
cœur humain. C’est au point qu’ils en perdent le respect de son nom
et la crainte de sa puissance. Ne comprenant pas ses lois ni sa faculté
illimitée d’accomplir par elles ses desseins, on nie le surnaturel.
On appelle “lois naturelles” ce qu’on est parvenu à découvrir des
lois régissant le monde physique. Mais combien est limitée notre
connaissance de ces lois ! Et quel mortel aura jamais la moindre