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Patriarches et Prophètes
tous ceux qui se sont révoltés contre toi pour te faire du mal, subir
le sort de ce jeune homme !”
C’en était assez pour David. Sans en demander davantage, la
tête inclinée, “tremblant d’émotion, il monta dans la chambre placée
au-dessus de la porte, et il pleura. Il disait en marchant : Mon fils
Absalom! Mon fils, mon fils Absalom! Que ne suis-je mort moi-
même à ta place ! Absalom, mon fils ! mon fils !...”
L’armée victorieuse revient bientôt du champ de bataille, ré-
veillant les échos des collines de ses cris de victoire. Mais quand
elle arrive à la porte de la ville, ses cris s’éteignent, les bannières se
penchent tristement, et les guerriers avancent tête baissée, ressem-
blant plutôt à une troupe de fuyards qu’à une armée victorieuse. Le
roi n’est pas là pour leur souhaiter la bienvenue. En revanche, du
haut de la tour, descend ce cri déchirant : “Mon fils Absalom! mon
fils, mon fils Absalom! Que ne suis-je mort à ta place !”
“Ainsi la victoire fut, ce même jour, changée en deuil pour tout
le peuple, parce que le peuple avait entendu dire que le roi était très
affligé de la mort de son fils. Aussi le peuple, ce jour-là, rentra-t-il
furtivement dans la ville, comme une armée honteuse d’avoir pris la
fuite pendant la bataille.”
Celui qui est outré en ce moment, c’est Joab. Dieu donne au
peuple le motif d’une immense joie : il vient de remporter contre
une très dangereuse sédition une victoire éclatante, et celle-ci est
transformée en un jour de deuil au sujet d’un homme dont l’orgueil et
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la trahison avaient coûté la vie à des milliers de braves gens ! Le rude
capitaine entre résolument chez le roi et lui dit sans ménagements :
“Tu couvres aujourd’hui de confusion tous tes serviteurs, qui ont, en
ce jour même, sauvé ta vie, celle de tes fils et de tes filles.... Tu aimes
donc ceux qui te haïssent, et tu hais ceux qui t’aiment ; car tu viens
de montrer que tes capitaines et tes serviteurs ne sont rien pour toi.
Je vois bien maintenant que, si Absalom vivait, et que nous fussions
tous morts aujourd’hui, tu trouverais que tout est bien. Lève-toi
plutôt, sors, et adresse à tes serviteurs des paroles d’encouragement ;
car je te déclare, au nom de l’Éternel, que, si tu ne te montres pas,
il n’y aura pas un seul homme pour rester avec toi cette nuit ; et ce
malheur sera pire pour toi que tous ceux qui te sont arrivés depuis ta
jeunesse jusqu’à présent.”