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Péché et repentir de David
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Jusqu’à ce moment-là, la Providence avait préservé David des
complots de ses ennemis, notamment en ce qui concernait Saül.
Mais son péché changea ses rapports avec un Dieu qui, à aucun
prix, ne sanctionne l’iniquité. D’autre part, à partir de sa chute, il
ne fut plus tout à fait le même homme. Accablé par le poids de sa
faute et la crainte de ses lointaines conséquences, humilié devant ses
sujets, il voit son influence diminuer. Son peuple, qui connaît son
crime, se laisse entraîner au mal plus librement. Son autorité dans
sa propre famille a baissé. Ses droits à l’obéissance et au respect de
ses enfants sont méconnus. Le souvenir constant de sa culpabilité
lui ferme la bouche quand il devrait parler avec fermeté, et il est
comme paralysé quand il faudrait sévir avec rigueur. La conduite de
ses fils se règle sur son mauvais exemple, et Dieu, ne jugeant pas à
propos d’intervenir, laisse les causes produire librement leurs effets
naturels.
Durant la première année qui suivit sa chute, David vécut dans
une sécurité apparente. Mais la sentence divine n’en était pas moins
suspendue au-dessus de sa tête, et le jour approchait où allaient
fondre sur lui des douleurs et des humiliations que rien ne pouvait
conjurer. Ceux qui pensent pouvoir voiler leur culpabilité derrière
l’exemple de David peuvent apprendre, par le récit sacré, que le
chemin du mal est dur et que l’homme en récolte, déjà en cette
vie, même s’il se repent, les amères conséquences. Par l’histoire de
David Dieu a voulu nous enseigner que ceux qui ont reçu de lui
les plus grandes faveurs ne doivent pas se croire à l’abri de chutes
graves et négliger la vigilance et la prière. Grâce à elle, des milliers
de croyants ont appris à se défier d’eux-mêmes et à éviter les pièges
du tentateur.
Avant même que la sentence divine eût été prononcée sur lui,
David avait déjà commencé à récolter le fruit de sa transgression.
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Tourmenté par sa conscience, il nous fait assister, dans le psaume
trente-deux, à l’angoisse de son esprit :
Heureux celui dont la transgression est remise,
Et dont les péchés sont pardonnés !
Heureux l’homme à qui l’Éternel n’impute pas d’iniquité,
Et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude !
Tant que je gardais le silence, mon corps dépérissait.