David fugitif
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lui. “Tous ceux qui étaient dans la détresse, tous ceux qui avaient
des dettes, tous les mécontents s’assemblèrent aussi auprès de lui.
Il y eut ainsi autour de lui environ quatre cents hommes.” David
possédait là un petit royaume où régnaient un ordre et une discipline
irréprochables. Mais, comme il savait pertinemment que le roi n’avait
pas abandonné ses projets meurtriers, et qu’il n’était pas en parfaite
sécurité dans cette retraite montagneuse, il trouva pour ses parents
un refuge auprès du roi de Moab. Quant à lui, averti par un prophète,
il échangea son abri contre celui que lui offrait la forêt d’Héreth. Les
vicissitudes qu’il traversait ne devaient pas être stériles. Il apprenait
l’art d’être un général sage aussi bien qu’un roi juste et compatissant.
Le commandement d’une bande de fugitifs était un noviciat qui le
préparait à reprendre plus tard l’œuvre à laquelle le roi d’Israël était
impropre.
Saül, qui se proposait d’envelopper et de capturer David dans la
caverne d’Adullam, fut hors de lui en apprenant qu’il avait quitté cet
abri. Il ne pouvait s’expliquer cette fuite mystérieuse qu’en imagi-
nant la présence, dans son entourage, de traîtres qui informaient le
fils d’Isaï de ses projets. Il déclara à ses conseillers qu’une conspira-
tion devait avoir été ourdie contre lui, et les engagea, en leur offrant
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de riches récompenses et des honneurs, à lui révéler qui, parmi ses
gens, avait favorisé David.
Doëg, l’Iduméen, poussé par l’ambition et la haine du prêtre qui
avait dévoilé ses péchés, se fit délateur. Il rapporta à Saül la visite de
David chez Achimélec en termes qui étaient de nature à intensifier
la colère du roi contre l’homme de Dieu. Les paroles perfides de
cette “langue enflammée du feu de la géhenne” provoquèrent une
crise de barbarie chez Saül. Dans son inhumaine fureur, il déclara
que toute la famille du prêtre périrait. L’atroce décret fut exécuté.
Sur l’ordre du roi et par la main de Doëg, non seulement Achimélec,
mais les membres de la famille de son père, “quatre-vingt-cinq
hommes portant l’éphod de lin”, furent égorgés. “Saül fit encore
passer au fil de l’épée Nob, ville des prêtres : hommes et femmes,
enfants et nourrissons, bœufs et ânes, menu bétail, tout fut passé
au fil de l’épée.” Voilà ce que fit le roi d’Israël sous l’ascendant de
Lucifer. Quand Dieu avait déclaré que l’iniquité des Amalécites était
parvenue à son comble, le roi s’était cru trop humain pour exécuter
la sentence qui les condamnait à la mort, et il avait épargné ce que