Page 565 - Patriarches et Proph

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Le premier roi d’Israël
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Dieu désirait que son peuple, sentant son impuissance, ne deman-
dât des lois et n’attendît du secours que de lui. Les Hébreux auraient
pu alors occuper la haute position à laquelle il les appelait. Lorsqu’ils
auraient un roi, ils se détourneraient de leur Créateur, se confieraient
davantage en la force humaine et suivraient les égarements de leur
prince.
Samuel reçut l’ordre de se conformer au désir du peuple, tout en
l’avertissant de la désapprobation divine et en lui faisant connaître
les conséquences de son choix. “Samuel rapporta toutes les paroles
de l’Éternel au peuple, qui lui demandait un roi.” Il leur parla ou-
vertement des charges qui allaient leur être imposées et leur fit le
sombre tableau de la condition qui serait la leur en contraste avec
la liberté et la prospérité dont ils jouissaient. Il leur prédit que ce
roi imiterait le luxe et la pompe des autres monarques en mettant
lourdement à contribution leurs personnes et leurs biens. L’élite de
vos jeunes hommes, leur dit-il, sera réquisitionnée à
son
service
pour en faire les cochers de
ses
chariots et les cavaliers de
sa
garde.
Ils composeront les rangs de
son
armée. Il les emploiera à cultiver
ses
champs, à recueillir
ses
moissons et à fabriquer des instruments
de guerre à
son
usage. Les filles d’Israël seront enrôlées comme
parfumeuses, cuisinières, boulangères.
Pour soutenir le train royal de sa maison, votre prince, ajouta-t-il,
“prendra les meilleurs de vos champs que l’Éternel vous a donnés”,
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“vos serviteurs et vos servantes, et jusqu’à vos ânes” pour “les em-
ployer à ses travaux”. En outre, il réclamera le dixième de votre
revenu, qu’il s’agisse de votre travail ou du produit de vos terres.
“Et vous serez ses esclaves”, dit le prophète en terminant. “Alors
vous crierez à cause du roi que vous aurez choisi ; mais l’Éternel ne
vous répondra pas.” Si dures que soient les exactions de votre roi,
une fois la monarchie établie, il ne sera pas facile de l’abolir. “Le
peuple refusa d’écouter la voix de Samuel. Ils dirent : Non, il nous
faut un roi ! Nous voulons être comme toutes les nations ; notre roi
nous jugera, il marchera à notre tête et sera notre chef à la guerre.”
“Comme toutes les nations !” Les Israélites ne comprenaient
pas qu’être à cet égard différents de tous les autres peuples, c’était
un privilège spécial, un bienfait inouï. Dieu avait séparé Israël des
autres nations pour en faire son trésor particulier, tandis que lui
ne faisait aucun cas de cet honneur insigne et ne demandait qu’à