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Patriarches et Prophètes
suivit la marche de la lutte : on vit, d’une part, l’adversaire déversant
sur l’humanité un flot de ténèbres, de deuil et de souffrances ; d’autre
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part, le Sauveur refoulant ce flot de toute l’énergie de son âme.
On vit la bataille entre le bien et le mal devenir de plus en plus
acharnée. Et lorsque le crucifié, expirant sur la croix, s’écria : “Tout
est accompli !” dans tous les mondes, comme à travers le ciel, retentit
un immense cri de victoire. On avait atteint l’issue du vaste conflit
qui se poursuivait depuis tant de siècles. Le Fils de Dieu avait vaincu.
Par sa mort, la grande question posée : le Père et le Fils pousseront-
ils leur amour pour l’homme jusqu’au sacrifice ? était désormais
tranchée, et Satan s’était dévoilé sous son véritable caractère de
menteur et de meurtrier. Par la manière dont il traitait les hommes
soumis à sa puissance, on pouvait juger de l’esprit dans lequel, s’il en
avait eu l’occasion, il aurait gouverné les êtres célestes. Aussi, est-ce
d’une seule voix que dans tout l’univers fut exaltée l’administration
divine.
Si la loi de Dieu avait pu être changée, le salut de l’homme aurait
été accompli sans le sacrifice du Calvaire. Le fait que le Fils de Dieu
a dû donner sa vie en faveur de l’humanité a prouvé que cette loi
n’abandonne pas ses droits sur le pécheur. Il a été démontré que “le
salaire du péché, c’est la mort”, et que la mort de Jésus a scellé le
destin de Satan.
Si la loi divine a été abolie à la croix, comme d’aucuns le pré-
tendent, une conclusion s’impose : l’agonie et la mort du Fils de
Dieu n’ont eu d’autre résultat que de donner raison à Satan, et ainsi le
Prince du mal a triomphé, et ses accusations contre le gouvernement
divin ont été justifiées. Au contraire, le simple fait que Jésus-Christ a
payé la peine du péché prouve, d’une façon concluante et définitive,
que la loi divine est immuable ; que Dieu est juste, miséricordieux,
prêt au sacrifice, et que, sous son administration, entre le pardon,
d’une part, et la justice infinie, de l’autre, l’harmonie est parfaite.
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