Mort de Moïse
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Basan, théâtre des récents triomphes d’Israël. Au sud se déploie le
désert où Israël a consumé tant d’années.
Devant ce magnifique panorama, Moïse repasse dans son es-
prit les peines et les vicissitudes de sa vie, depuis le moment où,
abandonnant les honneurs d’une cour et la perspective d’un trône,
il lia son sort à celui d’un peuple choisi de Dieu. Il se rappelle les
longues années qu’il a consacrées, au désert de Madian, à paître les
troupeaux de Jéthro ; l’apparition de l’ange dans le buisson ardent
et l’appel de Dieu lui ordonnant d’aller délivrer Israël. Il revoit les
grands miracles opérés par le Tout-Puissant en faveur de son peuple,
et il songe au long support et à la miséricorde divine envers Israël
durant ses années de voyage et de révoltes dans le désert. De toute la
multitude qui a quitté l’Égypte, deux adultes seulement seront admis
à entrer dans la terre promise !... A cette pensée, Moïse se demande
si sa vie d’épreuves et d’abnégation n’a pas été vaine.
Mais il ne regrette rien. Il sait que cette mission lui a été confiée
d’en haut. Il sait aussi que s’il a tout d’abord hésité devant cette
responsabilité, l’ayant acceptée, il n’a jamais reculé, ni cherché à
déposer ce lourd fardeau. Quand Dieu lui a proposé de l’en déchar-
ger et d’abandonner Israël, il n’y a pas consenti. D’ailleurs, si ses
épreuves ont été cuisantes, il a joui de marques spéciales de la faveur
divine. Le séjour dans le désert lui a procuré le rare et précieux
privilège de contempler la puissance et la gloire de Dieu et de vivre
dans la communion de son amour. Aussi est-il heureux d’avoir pris
la sage résolution de porter “l’opprobre du Christ” plutôt “que de
jouir, pour un peu de temps, des délices du péché”.
Ce coup d’œil rétrospectif sur sa carrière de conducteur d’Israël
rappelle cependant au vénérable centenaire une faute qu’il voudrait
voir effacée afin de mourir en paix. Et comme il n’ignore pas que le
repentir et la foi au grand sacrifice expiatoire suffisent amplement
pour cela, il confesse encore une fois son péché et en implore le
pardon au nom du Sauveur.
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Alors s’offre à ses regards une vue panoramique de la terre
promise. Chaque région du pays passe successivement devant lui.
Ce n’est pas une image vague et confuse entrevue à travers les
voiles de l’espace, mais un tableau d’une clarté et d’une netteté
merveilleuses. Ce n’est pas non plus la vue du pays de Canaan tel
qu’il était alors, mais tel qu’il deviendra lorsque, entre les mains