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Patriarches et Prophètes
le Pharaon et le peuple se moquaient du Dieu d’Israël. Cet esprit
d’hostilité arrogante atteignit son apogée sous le monarque régnant
au moment où Moïse vint lui réclamer l’affranchissement de son
peuple. Car ce ne fut pas ignorance, mais insolence blasphématoire
de sa part, lorsqu’il répondit : “Qui est l’Éternel, pour que j’obéisse
à sa voix ?... Je ne connais pas l’Éternel.”
Dieu donna encore aux Égyptiens l’occasion de se convertir mal-
gré leur persistance dans l’incrédulité. Il n’oublia pas qu’aux jours
de Joseph l’Égypte fut un asile pour Israël et que ce peuple témoigna
des sentiments de bonté qui honorèrent l’Éternel. Aussi, dans sa
compassion et sa longanimité, il espaça ses jugements de manière à
leur donner le temps de rentrer en eux-mêmes. Frappés par les objets
mêmes qu’ils avaient adorés, ils pouvaient se convaincre de la puis-
sance de Dieu. Et tous ceux qui se soumirent à lui échappèrent aux
châtiments, résultat auquel contribuèrent l’opiniâtreté et le fanatisme
du Pharaon.
A cause de la tendance des descendants de Jacob de s’allier avec
les païens et de pactiser avec l’idolâtrie, Dieu permit leur émigration
en Égypte, où l’influence de Joseph et les circonstances devaient
faire en sorte qu’ils soient séparés du reste du monde. Le grossier
fétichisme des Égyptiens et leur cruauté à l’égard des Hébreux durant
la dernière partie de leur séjour chez eux auraient dû inspirer à ces
derniers l’horreur de l’idolâtrie et les pousser à s’attacher au Dieu de
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leurs pères. Mais Satan tira habilement parti des événements pour
influencer les Israélites et les entraîner à suivre les pratiques de leurs
maîtres païens. En outre, comme il ne leur fut pas permis, durant
leur esclavage, d’offrir des sacrifices, en raison de la vénération
superstitieuse dont les Égyptiens entouraient les animaux, leur esprit
ne fut plus attiré par ces cérémonies vers le céleste sacrificateur.
Quand arriva le temps de la délivrance, Satan se prépara à mainte-
nir dans l’ignorance et la superstition le peuple d’Israël qui comptait
alors plus de deux millions d’âmes. Ce peuple que Dieu avait promis
de bénir, de multiplier et de rendre puissant sur la terre ; ce peuple
par lequel il pensait révéler la connaissance de sa volonté et dont il
allait faire le gardien de sa loi, — Satan s’efforçait de le retenir dans
les chaînes de l’esclavage au point d’effacer de sa mémoire jusqu’au
souvenir de son Dieu. Pour cela, il s’attacha d’abord à neutraliser,
en les contrefaisant devant le Pharaon, l’effet des miracles de Moïse.