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Patriarches et Prophètes
insistance à s’approcher de lui ; il leur présenta le gage de la récon-
ciliation qu’il tenait entre ses mains, et les assura de la restitution
de la faveur divine. Finalement, quelqu’un osa s’approcher ; mais
haletant et sans voix, il se borna à indiquer de la main le visage de
Moïse, puis le ciel. Alors le libérateur comprit, et “mit un voile sur
son visage”.
Dans son état de consciente culpabilité, Israël ne pouvait suppor-
ter la vue d’une lumière céleste qui aurait dû le remplir de joie. Le
pécheur est craintif devant cette lumière, alors qu’une âme purifiée ne
désire pas s’y soustraire. Par égard pour le peuple, chaque fois qu’il
rentrait au camp après avoir communiqué avec Dieu, Moïse mettait
un voile sur son visage, puis il faisait part à Israël des messages de
l’Éternel. Ce rayonnement nous enseigne le caractère auguste et
sacré de la loi de Dieu, ainsi que la gloire de l’Évangile révélé par
Jésus-Christ.
Durant son séjour sur la montagne, Moïse avait reçu non seule-
ment les tables de la loi, mais aussi une révélation du plan du salut.
Il comprit que le sacrifice du Sauveur était préfiguré par tous les rites
et symboles de la dispensation judaïque. C’était la lumière céleste
jaillissant aussi bien du Calvaire que de la loi divine, qui illuminait
le visage du prophète. Elle figurait la gloire de la dispensation dont
Moïse, représentant du seul véritable Intercesseur, était le média-
teur visible. Elle symbolisait également les bienfaits réservés, par
la médiation de Jésus-Christ, aux enfants de Dieu qui gardent ses
commandements. Elle nous enseigne que plus notre communion
avec Dieu est intime, plus claire aussi est notre intelligence de ses
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ordonnances, et plus nous sommes rendus conformes à son image et
participants de sa nature.
Moïse était un emblème de Jésus-Christ. De même que l’in-
tercesseur d’Israël voilait son visage au peuple qui n’en pouvait
supporter l’éclat, ainsi notre Sauveur, en descendant sur la terre,
voila sa divinité sous notre humanité. S’il était venu parmi nous
auréolé d’un éclat céleste, le séjour parmi les hommes ne lui eût pas
été possible : ceux-ci n’auraient pu supporter le rayonnement de sa
présence. Et voilà pourquoi il se revêtit d’une “chair semblable à